Les Français, qui voteront dimanche pour le premier tour des élections législatives, sont préoccupés par le système de santé et le manifestent dans le résultat d’un sondage* de l’institut Harris interactive, mandaté par Nerès, qui représente les labos pharmaceutiques, et dévoilé jeudi 27 juin.
Sans surprise, plus de deux tiers des Français (68 %) déclarent qu’il leur est difficile d’accéder à un professionnel de santé. Une tendance accentuée pour les inactifs (74 %), les seniors (78 %), les habitants des zones rurales (73 %, contre 59 % dans les grandes villes) et du Nord-Ouest (73 %).
29 % des personnes interrogées considèrent difficile de se rendre chez un généraliste (5 points de plus qu’en 2023), en premier lieu en raison des délais de rendez-vous trop longs (65 %), puis de la difficulté de le consulter lors d’urgences (26 %), la difficulté tout simplement à joindre le médecin (25 %) ou encore juste de trouver un omnipraticien (23 %).
C’est pire pour se soigner ou parler à un médecin pour trouver une solution en 24 heures : 54 % des Français estiment que c’est difficile, en raison de la pénurie de soignants (74 %), mais aussi le manque de disponibilité des médecins (65 %) ou encore l’organisation inefficace du système de santé (20 %).
Autre enseignement : la baisse de proportion de Français déclarant avoir un médecin généraliste traitant (85 %, soit moins 3 points par rapport à 2023 et 10 par rapport à 2022). Une tendance plus sévère en fonction des territoires : en Île-de-France par exemple, 15 % n’en ont pas déclaré, contre 12 % dans le Nord-Est ou 11 % dans le Sud-Est.
L’hôpital comme recours aux maux du quotidien
Dans cette continuité, 39 % des Français affirment s’être rendus une fois ou moins chez un médecin en 2024 (hausse de 4 points). C’est particulièrement fort chez ceux qui n’ont pas de médecin traitant (70 %) ou ceux qui estiment être en bonne santé (57 %).
Au contraire, les Français ont préféré se rendre aux urgences pour leurs maux du quotidien, à hauteur de 24 % lors de ces 12 derniers mois (hausse de trois points). Cette proportion atteint 58 % en région Centre Val-de-Loire.
Plus globalement, les citoyens éprouvent de plus en plus de difficultés à comprendre le système de santé (72 %), y compris lorsqu’il s’agit de savoir à qui s’adresser en cas de problème de santé (65 %, en hausse de 7 points !).
Et, au final, c’est la santé publique qui trinque : un Français sur deux a renoncé à se soigner en 2024 en raison de la complexité du système de soins, soit une hausse de 5 points. Cette proportion augmente chez les personnes à faibles revenus (61 %) et chez ceux qui estiment leur santé physique et/ou mentale qui s’est détériorée à égalité avec les 18-34 ans (59 %).
L’impact négatif de la hausse de la franchise médicale
Les Français ont également mal digéré la décision du gouvernement d’augmenter la franchise médicale sur les médicaments. En effet, 41 % d’entre eux envisagent de moins consulter un médecin pour les maux du quotidien et prévoient de se rendre directement en pharmacie pour trouver une solution.
L’occasion pour Nerès de défendre l’élargissement des missions des pharmaciens, dont les Français sont favorables, pour le dépistage de maladies (76 %) ou la réalisation de consultations pour des affections courantes (83 %).
Mais, en 2024, seuls 65 % des Français ont encore confiance dans le système de santé, contre 84 % en 2023. De fait, 61 % d’entre eux estiment que ce système de soins s’est détérioré au cours des 10 dernières années. Plus d’un Français sur deux (54 %) estime qu’il fonctionne mal, 59 % sont pessimistes quant à la possibilité qu’il s’améliore et 63 % vont jusqu’à penser que l’accès à des soins de qualité sera rendu difficile pour plus de personnes à l’avenir.
Les Français sont unanimes (92 %) pour dire que la prévention en santé est importante, mais 49 % estiment que la politique gouvernementale y accorde une place suffisante. Ce n’est pas tout : 70 % pensent que l’État n’a pas suffisamment mis en place de réformes pour améliorer le système de santé hexagonal.
De fait, les réformes les plus connues sont la hausse de la franchise médicale, les nouveaux services proposés par les pharmaciens, la taxe lapin, les préservatifs pour les moins de 25 ans sans ordonnance et l’accès facilité au vaccin contre le papillomavirus dès 11 ans.
A contrario, les CPTS, les contrats locaux de santé ou les services d’accès aux soins sont méconnues. La priorité pour les Français est la lutte contre les déserts médicaux (46 %), puis la réforme de l’hôpital (27 %) et la lutte contre les pénuries de médicaments (25 %).
Cette étude nommée « Bulletin de santé des Français » a été menée, en ligne, sur un large échantillon (2 026 personnes) de Français représentatifs, âgés de 18 ans et plus, du 30 avril 14 mai
La téléconsultation plébiscitée par ses utilisateurs
La téléconsultation est jugée utile par 84 % des Français qui l’ont pratiquée au moins une fois ; soit 37 % des Français, dont 41 % des 18-34 ans, 47 % des CSP– et 36 % des CSP+. Toutefois, 14 % de ces utilisateurs n’ont pas de médecins traitants, une proportion plus haute que dans la population générale (11 %). Ces aficionados de la téléconsultation consultent aussi moins les généralistes (43 %) que la population générale (39 %).
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