Non, ce n’est pas fini ! Remontés contre la loi de santé avant l’été, les médecins le restent après la trêve estivale. Ils fourmillent d’initiatives pour manifester leur opposition au texte de Marisol Touraine dont l’examen, par les sénateurs, débute lundi. En ordre dispersé, les appels à la mobilisation se multiplient et devraient occuper les généralistes jusqu’en octobre.
Annoncée depuis le printemps, « la marche pour la santé » doit s’ébranler ce vendredi et se poursuivre tout le week-end. Initiée par MST 71, collectif de professionnels de santé de Saône-et-Loire, elle relie Châlon-sur-Saône à Château-Chinon, première sous-préfecture de France dépourvue de généralistes. Parmi les responsables syndicaux ayant annoncé leur présence figurent Jean-Paul Hamon pour la FMF, Éric Henry pour le SML et Jérôme Marty pour l’UFML. Du côté de MG France et de l’Unof, il n’est pas exclu que des adhérents se mettent également en route mais aucune délégation ne participe officiellement au périple. Au-delà des généralistes, sont invités à marcher spécialistes, kiné, infirmiers et autres professionnels de santé ainsi que les patients.
Dès lundi et pour le reste de la semaine, les sénateurs examineront le projet de réforme du système de santé. À leur arrivée au Palais du Luxembourg, ils seront accueillis par des militants du SML, de l’UFML et de la FMF. Se revendiquant à l’origine de l’initiative, Éric Henry, président du SML, sera là « pour stimuler les sénateurs pour bouter l’article 1 et l’article 47 » du texte, les grands élus ayant déjà voté en commission la suppression du tiers payant. À ses yeux, le premier procède à l’étatisation de la santé tandis que le second porte sur l’open data qui ferait courir d’innombrables risques aux soignants et aux soignés.
En milieu de semaine, Claude Leicher accompagné de 200 généralistes se rendra au siège de la Cnam, en banlieue parisienne, pour y déposer un recours collectif. Ils exigent de Nicolas Revel, son président, qu’il accorde enfin aux généralistes les 2 euros de la MPC. Autrement dit qu’il porte le C à 25 euros.
Le tour de France de l’Unof
Mené tout autant pour la campagne des élections aux URPS que contre la loi de santé, le tour de France de l’Unof a effectué sa première escale, lundi dernier, en Mayenne. À cette occasion, une trentaine de généralistes, selon le syndicat, ont recouvert les murs de l’Agence régionale de santé (ARS) d’affiches appelant les médecins « à la désobéissance civile ». « C’était une belle opération coup-de-poing », commente Luc Duquesnel, président de l’Unof, qui prévoit des actions similaires à chacun de ses 15 arrêts dans l’Hexagone. Il ajoute que ces étapes prévues jusqu’à la fin du mois comportent également des réunions avec les médecins dont il n’exclut pas que sortent d’autres initiatives, localement. Et de rappeler que la CSMF incite les médecins à ne pas appliquer le tiers payant, y compris pour les patients titulaires de l’ACS (allocation complémentaire santé) pour lesquels c’est un droit depuis le 1er juillet.
Deux appels à la grève en octobre
Le mois d’octobre débutera également sur fond de contestation des médecins, deux appels à la grève ayant d’ores et déjà été lancés. Le premier est pour le 3 octobre. Lancé par l’UFML, il s’est vu repris par le SML et pourrait également être suivi par différentes coordinations locales. Initialement à durée illimitée, cette fermeture des cabinets pourrait n’être que temporaire, selon Éric Henry. « On est entrain de revoir le calendrier car celui de la loi évolue lui-même », note-il, l’objectif étant de pouvoir à nouveau mobiliser les médecins lors du vote final de la loi. Des atermoiements qui n’empêcheront pas les coordinations de mener cette grève aussi longtemps qu’elles l’entendent, affirme Stéphanie Grassi, généraliste et porte-parole de MST 71.
Plus courte que revendiquée au départ, cette fermeture des cabinets devrait toutefois coïncider avec celle proposée par MG France le 5 octobre. Il s’agit là encore d’une mobilisation contre le tiers payant. À laquelle l’Unof se refuse de participer. « C’est le pyromane qui nous appelle pour faire les pompiers et éteindre l’incendie », commente Luc Duquesnel.
L’esprit de la campagne électorale n’est pas loin… Mais les médecins réticents à la loi de santé ne devraient donc pas manquer d’occasions pour marquer leur refus du texte de Marisol Touraine. Reste à savoir s’ils répondront à l’appel de leurs représentants. Mais une chose est sûre, l’image de défilé unitaire du 15 mars appartient au passé.
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