Depuis 1999, quatre plans de développement des soins palliatifs ont été engagés. Pourtant, 26 départements français restent encore dépourvus d'unités dédiées. En quoi ce 5e plan peut-il changer la donne ?
Dr Olivier Mermet : L'axe fort de ce plan est le renforcement de l'offre de soins palliatifs. Nous allons créer des unités dédiées dans les 26 départements qui en sont dépourvus. D'ailleurs, comme les autres disciplines médicales, les soins palliatifs sont en crise au niveau démographique. Ce plan prévoit donc de mettre l'accent sur la formation des professionnels de santé amenés à travailler dans ces nouvelles unités. Nous allons également renforcer l'offre de soins palliatifs ambulatoire destinée à la prise en charge à domicile et dans les Ehpad. Cela passera par la création d'équipes mobiles de soins palliatifs dans les territoires qui n'en n'ont pas et par le renforcement de celles déjà existantes. Nous ne partons pas de rien. Il en existe déjà 428 en France. Il faut vérifier que leur présence couvre l’ensemble du territoire. La mise en œuvre de ce plan mobilisera au total 171 millions d’euros.
En 2020, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, avait promis d'ouvrir l'accès du midazolam aux généralistes. Pourtant, rien ne semble avoir changé. Selon les dernières annonces, confirmez-vous que cette molécule sera disponible en ville avant janvier 2022 ?
Dr O. M. : Effectivement, l'ouverture du midazolam aux généralistes a été annoncée par Agnès Buzyn début 2020, mais son entrée a dû être retardée en raison de la crise sanitaire. Il y avait, dans certains services de réanimation, des difficultés d’approvisionnement de la molécule. Dans son allocution au Parlement, Olivier Véran a annoncé que le midazolam serait disponible en ville d'ici la fin de l'année. C'est une mesure cohérente avec la loi Claeys-Leonetti, dans laquelle il est dit que la sédation profonde et continue maintenue jusqu'au décès doit être accessible à l'hôpital mais aussi à domicile. C'est une des réponses à la loi qui va permettre d'amener de bonnes pratiques sédatives à domicile. Il faut savoir que cette molécule est celle qui est conseillée par la Haute Autorité de santé (HAS). Il est donc assez logique que le monde ambulatoire puisse en bénéficier. Cette mesure ne peut toutefois pas être mise en place en deux jours.
Comment les médecins généralistes vont-ils être impliqués ?
Dr O. M. : Les généralistes qui voudraient mettre en place ce type de thérapeutique doivent pouvoir se faire aider. Mettre en place une pratique sédative à domicile ne se limite pas à la seule prescription du midazolam. Il faut accompagner le patient, assurer le soutien psychologique des aidants et des soignants. Il faut également dispenser tous les autres soins nécessaires au patient. Le généraliste pourra demander de l'aide à une équipe de soins palliatifs. D'ailleurs, pour le midazolam, la collégialité est conseillée dans l'ensemble des situations. Elle est même obligatoire dans certains cas.
Comment comptez-vous les accompagner ?
Dr O. M. : Il faut former les professionnels, leur donner des outils pour apprendre à faire les prescriptions car c'est une pratique extrêmement complexe. Sauf pour certains généralistes qui ont pu utiliser le midazolam dans le cadre de prises en charge à domicile (avec le service Hospitalisation à domicile (HAD)), cette molécule est nouvelle. L'idée est que les généralistes puissent apprendre à l'utiliser. Des formations leur sont déjà accessibles dans le cadre de la formation continue. Des documents vont également être édités avec l'aide de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) afin qu'ils puissent avoir des informations fiables sur l'utilisation du midazolam.
Ce 5e plan de développement des soins palliatifs peut-il, selon vous, mettre fin au débat sur la légalisation de l'euthanasie ?
Dr O. M. : Pour une fois, on parle de soins palliatifs et non d'euthanasie. Aujourd’hui, cette annonce est vraiment centrée sur la problématique du développement des soins palliatifs. J'imagine que, dans les prochains mois, la question de la fin de vie va être saisie par les candidats à la présidentielle. Mais notre mission dans le cadre de ce plan n'est pas d'initier un débat sur les autres questions relatives à la fin de vie. Notre mission est d'offrir aux Français ce que la loi prévoit déjà : des soins palliatifs de qualité. Avant une quelconque évolution de la loi, il ne serait pas envisageable de ne pas leur offrir la possibilité de bénéficier de ce qui est déjà prévu par la loi actuelle.
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