À quelques mois de la présidentielle et alors que certains candidats sont déjà lancés dans la course vers l'Élysée, le Conseil national de l'Ordre des médecins a, lors de sa conférence de presse de rentrée, fait part de son intention de faire peser les sujets de santé dans le débat national préélectoral.
Au siège de l'Ordre, dans le 17e arrondissement de Paris, le président du Cnom, Dr Patrick Bouet, a annoncé devant une assemblée de journalistes :
« Nous allons lancer un processus de concertation auprès des médecins et des acteurs institutionnels pour engager ensemble une réflexion autour de la profession et autour de l'adaptation de notre système de santé post-covid. Des réunions seront organisées très prochainement avec les différents acteurs. L'objectif est de remettre nos conclusions en début d'année prochaine afin d'être présents dans le débat national ».
#PointPresse de l’@ordre_medecins : « Nous nous étonnons et regrettons que les candidats parlent si peu du système de santé dans cette campagne #Presidentielle2022 qui s’ouvre » @BouetP
— Ordre des Médecins (@ordre_medecins) September 15, 2021
Violences envers les médecins, l'Ordre dénonce un climat intolérable
Admettant que « l'épidémie de Covid continuait d'évoluer », le Dr Patrick Bouet a insisté sur la nécessité « de tenir la barque ». « Nous ne sommes pas sortis de cette crise et tout laisse à penser que nous n'en avons pas encore fini », a-t-il déclaré.
Suite aux séries d'agressions verbales et physiques portées à l'encontre de médecins ces dernières semaines, le Dr Patrick Bouet a vivement dénoncé le « climat intolérable dans lequel les professionnels de santé sont amenés à exercer ».
Il a par ailleurs rappelé l'engagement de l'Ordre :
« Nous menons une action au plus près de nos confrères (...) À chaque fois que nous avons repéré des médecins menacés, nous les avons encouragés à porter plainte et les avons incités à signaler leurs situations auprès des différents conseils départementaux de l'Ordre. Dans certains cas, nous nous sommes portés partie civile », a indiqué le Dr Patrick Bouet.
Interrogé sur le nombre de plaintes qui leur avaient été rapportées jusqu'à maintenant, le Dr Patrick Bouet, a estimé qu'ils avaient connaissance d'une « d'une vingtaine de plaintes ». Mais selon lui, cette estimation « est très probablement inférieure » à la réalité.
« Il s'agit souvent de plaintes qui ont été portées par des acteurs représentatifs plus que par des médecins visés individuellement. Certains représentants ont en effet décidé de se porter plaignant au nom de la profession », a-t-il étayé.
L'obligation vaccinale, l'autre défi de la rentrée
Lors de la conférence de presse, l'institution ordinale a également rappelé sa position « univoque » concernant l'obligation vaccinale des soignants.
« Il n'y a pour l'Ordre pas de discussion sur le fait que les médecins doivent être vaccinés, nous avons été les premiers (avec l'Ordre des Infirmiers) à le demander. Il n'y a pas d'ambiguïté à ce sujet », a martelé le Dr Patrick Bouet.
Interrogé sur son éventuel rôle à jouer dans le dispositif de contrôle des soignants, l'Ordre a confié, via son président Dr Patrick Bouet, attendre les arbitrages ministériels.
« Nous attendons toujours des instructions claires sur la façon dont les choses vont se mettre en œuvre pour les professionnels libéraux. Pour le moment malgré nos demandes insistantes auprès du ministère, cette instruction est toujours à l'arbitrage ».
Le président du Cnom a toutefois rappelé qu'« aucun ordre en France n'a le pouvoir de prononcer une suspension d'un professionnel de santé. »
« En France, seule l'ARS a le pouvoir de prononcer une suspension immédiate d'un professionnel. Elle sera donc un acteur de premier rang dans le contrôle de cette obligation » a-t-il ajouté.
Le Dr Patrick Bouet a toutefois souligné que l'institution ordinale pourrait être en mesure de jouer un rôle secondaire (au même titre qu'elle le fait depuis le début de la pandémie) dans ce contrôle :
« La loi établit qu'il nous appartient de demander au préalable au directeur général de l'ARS de suspendre un professionnel dans son territoire de responsabilité. Nous l'avons fait dans le cadre des médecins qui ne portaient pas de masque (...) Certains ont ensuite été suspendus pour mise en danger de la vie d'autrui », a indiqué le Dr Patrick Bouet.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier