Les législatives ont été l’occasion pour plusieurs membres éminents du secteur de la santé de maintenir leur influence au Parlement, pour d’autres de faire leur come-back à l’Assemblée, pour certains enfin de se retirer, contraints et forcés, dans leurs pénates. Le futur ministre de la Santé du prochain gouvernement se cache-t-il parmi les nouveaux entrants au Palais Bourbon ? Le Quotidien a fait le tour de la question.
Pari audacieux mais pari réussi. À 47 ans, Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé qui avait claqué la porte du gouvernement en décembre 2023 pour signifier son désaccord avec la loi sur l'immigration, revient à l’Assemblée sous la bannière Nouveau Front populaire (NFP). Face à la sortante et ancienne ministre à la Ville Nadia Hai et la très droitière Babette De Rozières, le Cévenol a remporté la 7e circonscription des Yvelines (39,14%), qui n’avait pas voté pour un député de gauche depuis Michel Rocard, en 1988.
Être ministre de la Santé, un petit plus ?
Direction la Normandie, où une autre ancienne locataire de l’avenue Duquesne, Agnès Firmin Le Bodo (Horizons), a été réélue haut la main dans la 7e circonscription de Seine-Maritime. La pharmacienne havraise, très impliquée sur les questions de fin de vie, a réuni deux fois plus de voix (36 050 voix, 66,18%) que son opposante RN Anaïs Thomas, à la faveur du désistement du PS.
Ministre de la Santé, Frédéric Valletoux (Horizons) a fait de son côté le plein de voix de la gauche pour l’emporter facilement à Fontainebleau (2e circonscription de Seine-et-Marne) avec 59,95 % des suffrages (31 470 voix).
Autre plébiscite dans la 6e circonscription du Nord, où la candidate sortante de la majorité Charlotte Parmentier-Lecocq a été réélue avec 60,31 % des voix face à la LR Marie-Hélène Quatreboeufs, dont l’appel aux voix du RN n’a pas suffi. La députée est spécialiste de la santé au travail et présidente en poste de la commission des Affaires sociales.
Des perdants d’un bout à l’autre de la France
Éphémère ministre des Outre-mer (juillet 2023-janvier 2024), Philippe Vigier (MoDem) l’a échappé belle à Châteaudun, dans la 4e circonscription d’Eure-et-Loir. Défendeur infatigable de l’accès aux soins, le biologiste a été réélu avec 1517 voix d’avance sur Roger Pécout (LR-RN) grâce au report des voix de la gauche.
C’est l’un des plus fins connaisseurs des questions de grand âge et de dépendance. Le député socialiste de la sixième circonscription de l’Essonne Jérôme Guedj (Union de la gauche) a réussi sans difficulté à conserver son poste, avec plus de avec 74,26 % des suffrages et trois fois plus de voix que son adversaire RN Natacha Goupy.
Douche froide en revanche pour la députée sortante de la 6e circonscription de Meurthe-et-Moselle Caroline Fiat. Élue LFI depuis 2017 et vice-présidente de l’Assemblée nationale, l’ancienne aide-soignante de profession, très active sur la santé des seniors (maltraitance institutionnelle dans les Ehpad, bien vieillir) et sur la reconnaissance des métiers du soin, a été battue (45,36%) en Meurthe-et-Moselle par le candidat RN Anthony Boulogne.
Le communiste Pierre Dharréville, apprécié pour son flegme en commission des Affaires sociales et sa bonne connaissance des dossiers, a lui aussi perdu son siège (47,13% des suffrages) au profit du candidat RN Emmanuel Fouquart dans la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône.
Victoire pour Garot, poil à gratter des médecins libéraux
Connu par les médecins libéraux pour ses potions amères anti-déserts, le socialiste Guillaume Garot a été réélu sans peine dans la première circonscription de la Mayenne (à 67,56%, face à un candidate RN). Ce défenseur du conventionnement sélectif devrait repartir au combat dans une Assemblée en pleine recomposition.
Comme François Ruffin dans la Somme voisine, mais pas pour la même écurie, Agnès Pannier-Runacher peut se targuer d’une belle remontada politique dans le Pas-de-Calais. L’ancienne ministre de l’Industrie d’Emmanuel Macron a gagné le siège de députée de la deuxième circonscription avec 55,84 % des voix face au candidat du RN, en tête au premier tour.
Son ancien collègue au gouvernement Stanislas Guérini n’a pas connu le même sort. L’ex-ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, qui défendait une grande réforme « au mérite » de l’hôpital public, a été battu à Paris. Il s’incline (à 46,41%) dans la troisième circonscription de la capitale face à la candidate du NFP Léa Balage El Mariky.
Enfin, dans la 4e circonscription de Meurthe-et-Moselle, le barrage républicain a bénéficié au député sortant (LR) Thibault Bazin, tombeur à 52,3% de la candidate RN. En commission des Affaires sociales comme dans l’Hémicycle, le député est lui aussi très impliqué sur les questions d’organisation du système de santé.
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