Très attendues par les personnes concernées et les professionnels de santé qui les prennent en charge, les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) sur les parcours de transition chez l’adulte ont été publiées en juillet. Accordant un rôle central au médecin généraliste, elles espèrent répondre aux principales difficultés rencontrées par les personnes trans dans leur parcours de soins, que celles-ci concernent ou non la transition. « L’accès aux soins des personnes trans n’est pas un confort mais un enjeu vital », défend Claire Compagnon, présidente de la commission Recommandations, pertinence, parcours et indicateurs (CRPPI) à la HAS.
Ces recommandations s’inscrivent dans le sillage de la sortie de la transidentité des pathologies psychiatriques, une évolution qu’a actée l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2018. « L'identité de genre n’a pas à faire l'objet d'une évaluation psychiatrique systématique », a martelé le Pr Lionel Collet, président de la HAS. Un accompagnement psychologique et social peut en revanche être proposé.
La HAS met à disposition des professionnels de santé deux fiches de synthèse, détaillant la conduite à tenir devant une demande de transition, les interventions hormonales et chirurgicales ainsi que les soins d’accompagnement. Les recommandations mettent en avant le besoin d’une prise en charge globale des personnes concernées, dont les besoins ne se réduisent pas aux seuls soins de transition.
Le généraliste, coordinateur de parcours à la carte
Le généraliste y est cité à plusieurs reprises. Chargé de l’accompagnement social (demande d’affection longue durée, dossier à la Maison départementale des personnes handicapées, orientation vers des associations), il est invité à jouer le rôle de coordinateur en assurant l’adressage aux spécialistes (endocrinologue, psychiatre, médecin de la fertilité, gynécologue, urologue, chirurgien plasticien, psychologue, travailleurs sociaux, médecin du travail).
Le fil rouge est d’écouter, de respecter et d’éclairer la décision de procéder à une transition
Pour la première fois, le généraliste est autorisé à primoprescrire les hormonothérapies. Cette demande des patients et des soignants doit permettre de réduire les délais d’accès aux traitements. Face aux difficultés rencontrées, certaines personnes trans tendaient à des pratiques d’automédication, sur lesquelles la HAS ne fait pas l’impasse. Là encore, le généraliste est encouragé à interroger sur ces pratiques « sans jugement ».
De manière globale, les recommandations plaident pour des parcours à la carte, selon les demandes des patients. Ils doivent recevoir une information claire, loyale et adaptée et émettre un consentement libre et éclairé aux soins proposés. « Le fil rouge est d’écouter, de respecter et d’éclairer la décision de procéder à une transition. Il ne s’agit pas de la remettre en question mais d’accompagner la personne dans sa démarche, en l’aidant à identifier et formuler ses choix, » indique Claire Compagnon.
Les conclusions du groupe de travail sont globalement saluées par les associations de patients et les professionnels. L’élaboration des recommandations s’est malgré tout effectuée dans un climat tendu et inédit pour la HAS avec une fuite d’informations sur les membres du groupe de travail, de documents confidentiels ou encore des atteintes à la vie privée. S’il était initialement prévu qu’elles englobent les mineurs de 16 à 18 ans, la HAS a fait le choix finalement de recommandations séparées, « en l’absence de consensus ». Le lancement de ce travail est prévu pour le premier trimestre 2026.
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