Anciennement nommées salles de consommation à moindre risque, les haltes soins addictions (HSA) destinées à offrir un espace sécurisé pour les usagers de drogues injectables peinent à trouver leur place dans le débat politique. L’expérimentation a été prolongée in extremis le 12 décembre dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) finalement adoptée de justesse pour 2026.
Depuis leur création actée dans la loi de santé de 2016, seulement deux salles de ce genre ont vu le jour, à Paris et à Strasbourg. Malgré trois rapports d’évaluation très positifs rendus par l’Inserm, la Cour des comptes et le laboratoire Reshape (Hospices civils de Lyon), les pouvoirs publics traînent les pieds pour ouvrir de nouvelles salles et même pour pérenniser le dispositif.
L’État accusé d’inaction
Depuis avril, l’État est même attaqué dans deux recours administratifs par Médecins du monde et la Fédération Addiction pour inaction, voire obstruction active à la création de ces dispositifs, en particulier à Marseille. Ces contentieux, inédits en Europe, visent à « obliger l’État à justifier son inaction et à prendre des mesures pour installer une véritable politique de réduction des risques », résume Vincent Brengarth, avocat du cabinet Bourdon et associés qui a rédigé les deux recours.
Le dossier marseillais est emblématique du manque de soutien des pouvoirs publics
Le dossier marseillais est emblématique du manque de soutien des pouvoirs publics. En octobre 2023, un comité de pilotage avait validé le cahier des charges du projet et la HSA devait être installée dans le Ve arrondissement de la cité phocéenne. L'ARS, la préfecture, la mairie centrale et la mairie d’arrondissement étaient toutes tombées d'accord, il ne manquait plus que la signature du ministre de la Santé Aurélien Rousseau qui, hasard malheureux du calendrier, démissionne le mois suivant.
Une décision de justice pourrait être rendue au plus tôt en avril 2026. En attendant, l’avenir des HSA reste incertain. Les associations Ithaque et Gaïa, respectivement responsables des HSA de Strasbourg et Paris, ont longtemps craint une fin de leur activité au 1erjanvier 2026, date de la fin théorique de l’expérimentation. Si l’amendement inscrit dans le PLFSS leur laisse une période de répit, le dispositif n’est pas encore pérennisé. La route est encore longue.
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