L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rappelle aux professionnels de santé les précautions à prendre avant un examen d’imagerie avec injection de produits de contraste iodés (PCI). Si ces réactions cutanées d’hypersensibilité retardée (HSR), survenant quelques heures à quelques jours après l’administration, sont le plus souvent peu sévères (démangeaisons, rougeurs), elles peuvent être très graves dans de rares cas et conduire au décès.
Dans ses recommandations, avant de prescrire un examen radiologique avec injection, l’ANSM demande de s’assurer que « l’examen est réellement nécessaire » et « qu’aucune autre technique d’imagerie sans injection ne peut fournir les informations requises ». Il est demandé aux professionnels de santé d’apprendre à reconnaître les signes et symptômes des formes sévères (cf encadré).
Un bilan allergique systématique en cas de symptôme cutané
Il est recommandé d’informer le patient du risque d’HSR, car elle peut survenir à distance. Pendant l’examen, les antécédents allergiques sont à vérifier et le nom du PCI à renseigner (avec le numéro de lot) sur le compte rendu de radiologie.
En cas de signes allergiques non graves, des dermocorticoïdes peuvent être utilisés. En cas de signe de gravité, une hospitalisation rapide peut être nécessaire.
En cas de survenue d’une réaction cutanée, « quelle que soit sa sévérité », possiblement liée à une injection de PCI, il est préconisé de réaliser un bilan allergologique a posteriori « portant sur les différentes classes de PCI et non seulement sur le PCI administré ». Ce bilan permet à la fois de confirmer la nature allergique mais aussi de sécuriser les procédures radiologiques ultérieures (contre-indication et alternatives) compte tenu du risque de réactions croisées, est-il précisé. Le patient doit être informé des résultats et des PCI testés positifs qui lui seront désormais contre-indiqués, ainsi que de ceux testés négatifs qui pourront lui être administrés. Le patient doit également savoir qu’il doit, avant chaque examen, prévenir le radiologue de ses allergies.
L’ANSM a listé les produits de contraste iodés concernés : iodixanol (Visipaque), iohexol (Omnipaque), iomeprol (Iomeron), iopamidol (Iopamiron), iopromide (Ultravist), ioversol (Optiject, Optiray), lobitridol (Xenetix).
À l’inverse, l’ANSM rappelle qu’être allergique au poisson et aux crustacés ne signifie pas être allergique aux produits contenant de l’iode (antiseptiques ou PCI). « Ces allergies sont différentes et indépendantes les unes des autres », indique l’agence sanitaire, même si « dans de très rares cas, il est possible d’être allergique à plusieurs de ces substances à la fois ». Être qualifié à tort « d’allergique à l’iode », ce qui « arrive fréquemment », peut priver le patient d’un examen d’imagerie et « avoir des répercussions sur sa prise en charge », prévient l’ANSM.
Lyell, Dress, PEAG, Stevens-Johnson : comment reconnaître ces réactions rares mais graves
L’ANSM décrit les réactions cutanées d’hypersensibilité sévères, qui, « bien que très rares », peuvent durer plusieurs semaines et toucher d’autres organes que la peau. C’est le cas : du syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse avec éosinophilie et symptômes systémiques (Dress) qui commence par un syndrome grippal (fièvre, fatigue) puis qui entraîne une éruption avec œdème persistant du visage et des atteintes possibles de la bouche, des yeux et des parties génitales ; de la pustulose exanthématique aiguë (PEAG), une poussée soudaine de petites pustules sur une peau rouge associée à de la fièvre et de la fatigue ; du syndrome de Stevens-Johnson (SSJ), une réaction grave avec décollement de la peau, de la fièvre, des douleurs, des éruptions et/ou des lésions dans la bouche ou les yeux ; de la nécrolyse épidermique toxique (syndrome de Lyell), qui est une destruction rapide et importante de la couche supérieure de la peau et des muqueuses, avec des douleurs et un décollement de la peau qui peut s’étendre sur tout le corps.
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