Les péritonites constituent la seconde cause la plus fréquente d'admission en réanimation et la première cause de sepsis en réanimation postopératoire. « Jusqu'à présent, les patients admis en postopératoire d'une chirurgie abdominale (principalement des péritonites en choc septique), étaient gardés sédatés, car ils arrivent intubés–ventilés, avec une défaillance d'organe (état de choc). Cependant, depuis quelques années, la tendance est à la diminution du nombre de journées de sédation et à une sédation plus légère, en raison de complications iatrogènes. Mais aucun auteur n'avait été deçà de 24 à 48 heures de sédation », précise le Pr Gérald Chanques (CHU Montpellier). Son étude, très novatrice et présentée à la session présidentielle du congrès européen de réanimation (ESICM, Vienne), remet justement en question cette sédation systématique.
Meilleur pronostic de l'arrêt immédiat
« Après transfert du bloc opératoire, à l'admission en réanimation, l'arrêt immédiat de la sédation dès que le patient est normothermique et décurarisé (2 heures en moyenne après la chirurgie), est associé à un meilleur pronostic comparativement aux patients recevant un jour et demi de sédation modérée : durée moindre d'amines à posologie élevée, diminution du délai d'extubation d'un jour et demi, diminution, à J28, de deux jours de ventilation mécanique, et de deux jours d'hospitalisation totale, diminution de l'incidence des confusions mentales. Pour parvenir à ces conclusions, nous avons constitué deux groupes de patients admis en postopératoire d'une chirurgie abdominale. Le premier (68 patients) ou groupe contrôle, faisait l'objet du protocole habituel. Le second groupe (69 patients) bénéficiait d'un arrêt immédiat. Nos patients ont été suivis pendant un an, notamment pour vérifier l'absence de stress post-traumatique différé. Il n'y a eu aucun effet secondaire significatif dans le groupe intervention, en comparaison au groupe contrôle, y compris en termes de douleur postopératoire (grâce à des protocoles modernes d'analgésie multimodale), ainsi que de séquelles neuropsychologiques à long terme », insiste le Pr Chanques.
Des arguments de taille, qui pourraient constituer un changement de pratique à l'avenir pour ces patients, sauf contre-indication spécifique à interrompre la sédation, comme la persistance d'un saignement incontrôlé, une paroi abdominale non fermée, une atteinte pulmonaire grave ou cérébrale, etc. À côté des bénéfices attendus pour les patients, cette pratique permettrait aussi de générer des économies importantes.
Entretien avec le Pr Gérald Chanques, département d'anesthésie réanimation, Saint Eloi (CHU Montpellier)
(1) Chanques G, Conseil M, Roger C, et al. Immediate interruption of sedation compared with usual sedation care in critically ill postoperative patients (SOS-Ventilation): a randomised, parallel-group clinical trial. Lancet Respir Med 2017; 5:795-805
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