Le risque de dissémination de cancers non détectés lors des hystérectomies par morcellement sous cœlioscopie a déjà fait l’objet de plusieurs alertes dont celle de l’Agence française du médicament (ANSM) en mai dernier.
L’étude de Jason Wright et ses collègues de l’école de médecine et de chirurgie de l’université de Columbia, à New York ont tenté d’évaluer la fréquence des cancers non diagnostiqués chez les femmes qui bénéficient d’une hystérectomie non invasive. Pour cela, ils ont exploré la base de donnée Perspective, renseignée par les médecins de 500 hôpitaux américains, majoritairement urbains et situés dans le sud des États-Unis.
Ils y ont recherché des diagnostics de cancers de l’endomètre (toutes histologies confondues) ainsi que les néoplasies dont le potentiel d’évolution était incertain, ainsi que d’autres cancers gynécologiques comme le col de l’utérus. Leurs résultats viennent d’être communiqués dans une lettre adressée au « JAMA ».
Une étude sur 36 000 femmes
Sur les près de 233 000 femmes incluses dans l’étude ayant bénéficié d’une hystérectomie mini invasive entre 2006 et 2012, plus de 36 000 ont fait l’objet d’un morcellement utérin par voie cœlioscopique. Les auteurs ont relevé 99 cas de cancers identifiés après coup.
Cela représente une prévalence de 27 cas de cancers de l’endomètre pour 10 000 femmes opérées. Vingt-six autres tumeurs malignes gynécologiques ont également été trouvées par les auteurs, soit une prévalence de 7/10 000, de même que 39 néoplasies utérines (11/10 000) et 368 cas d’hyperplasie endométriale (101/10 000).
L’âge est un facteur de risque
L’âge avancé était associé avec un plus grand risque de cancer non détecté et d’hyperplasie endométriale : Le risque de tumeur maligne utérine était près de cinq fois plus élevé chez les femmes de 50 à 54 ans que celles de moins de 40 ans, et plus de 19 fois plus élevé chez les femmes de 55 à 59 ans.
Les auteurs précisent que, même s’ils manquent encore de données fiables, il semblerait que les femmes porteuses d’une néoplasie confirmée lors de l’opération soient généralement victimes d’une dissémination de cellules cancéreuses dans la région péritonéale, aboutissant à plusieurs tumeurs détectées lors d’une nouvelle exploration.
La FDA et l’ANSM sur leurs gardes
Ces recherches s’inscrivent dans le cadre de la réévaluation ordonnée par la FDA américaine des risques liés à cette procédure chirurgicale mini invasive, qui fait suite à la mise en garde de l’agence du 17 avril dernier. La FDA avait déconseillé le morcellement par voie cœlioscopique lors d’une hystérectomie ou d’une myomectomie en cas de fibrome utérin.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) lui avait emboîté le pas. Il n’y avait jusqu’à présent que peu de données sur le sujet : des études plus modestes, monocentriques, avançaient des chiffres compris entre 9 et 100 cas pour 10 000.
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