L'immunothérapie reste le plus souvent inefficace dans les cancers de l'enfant. Un travail mené par des scientifiques de l'Institut Curie, de l'Inserm et du CNRS pourrait ouvrir la voie à l'immunothérapie dans les sarcomes, et plus largement dans les tumeurs pédiatriques.
Les mutations génétiques spécifiques aux tumeurs sont rares chez l'enfant. Or, c'est ce qui permet au système immunitaire d'identifier le cancer comme non-soi. L'équipe du Dr Olivier Delattre, directeur de recherche Inserm à la tête de l'unité Cancer, hétérogénéité, instabilité et plasticité (CHIP-Institut Curie/Inserm/Université de Paris) a mis en évidence l'expression de gènes hautement spécifiques de la tumeur dans le sarcome d'Ewing.
L'équipe du Dr Delattre avait déjà montré que près de 95 % des tumeurs d'Ewing sont dues à une fusion génétique caractéristique : le plus souvent, il s'agit d'une translocation qui se produit entre les chromosomes 11 et 22 et aboutit à la synthèse d'une protéine anormale, le facteur de transcription EWS-FLI-1. Les fusions entre les deux gènes se retrouvent dans un grand nombre de sarcomes, entraînant la présence de facteurs de transcription dits « chimériques oncogènes ».
Des régions du génome normalement silencieuses
Ici, les chercheurs vont plus loin dans la compréhension du rôle de EWS-FLI-1 : ce facteur de transcription spécifique au sarcome d'Ewing induit l'expression d'un ensemble de gènes dans des régions du génome qui sont normalement « silencieuses », c'est-à-dire non transcrites. Ces néogènes sont absents des cellules normales.
« L'existence de ces mutations génétiques particulières est retrouvée dans de nombreux cancers pédiatriques, laissant entrevoir la possibilité d'immunothérapie ciblant ces protéines spécifiques de la tumeur, explique le Dr Delattre. Cette découverte pourrait s'avérer révolutionnaire pour la prise en charge des tumeurs de l'enfant qui constituent aujourd'hui la deuxième cause de mortalité chez les moins de 15 ans. »
Il reste désormais à montrer que ces nouvelles protéines identifiées peuvent constituer des cibles réelles. « C'est l'objet des recherches que nous menons actuellement en collaboration avec l'unité Immunité et cancer dirigée par Ana-Maria Lennon et le laboratoire d'immunologie clinique dirigé par le Dr Olivier Lantz à l'Institut Curie », précise le Dr Delattre. De plus, des centaines de ces néogènes peuvent être détectés dans divers cancers caractérisés par des facteurs de transcription chimériques oncogènes. La grande spécificité et l'expression récurrente de ces peptides dans une grande diversité de sarcomes de l'enfant en font des cibles thérapeutiques prometteuses dans le développement d'immunothérapies en oncopédiatrie.
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