Les oncologues américains se sont lancés dans l’évaluation médico-économique individuelle. L’ASCO a publié et présenté en session plénière un guide pour aider médecins et patients à choisir parmi les diverses alternatives thérapeutiques, en fonction de leur activité (survie totale, sans progression ou taux de réponse), de leur toxicité mais aussi de leur coût (1).
Si cet outil, basé sur 5 items (lire encadré) en curatif et 3 en adjuvant, ne se veut pour l’instant qu’une ébauche – la société savante appelant les oncologues à apporter leurs critiques, propositions, remarques – il est néanmoins le signe que le coût du traitement devient une pièce incontournable du choix thérapeutique.
Quatre exemples illustrent le papier : une comparaison des traitements du cancer bronchique métastatique non à petites cellules, du cancer prostatique résistant à la castration et du myélome multiple avancé, plus une comparaison des traitements adjuvants du cancer du sein HER2.
Élaboré par le groupe de travail de l’ASCO sur les coûts, avec des oncologues, des patients mais aussi des représentants de l’industrie pharmaceutique et des assureurs, ce cadre d’évaluation laisse, pour l’heure, la décision finale au tandem médecin-patient dans le respect des AMM... Mais en mettant en balance augmentation de survie et coût, sa publication marque néanmoins une mini-révolution en cancérologie.
«L’intérêt et le coût sont les plus deux points essentiels en médecine aujourd’hui. Pourtant, il y a peu d’outils pour aider les médecins et patients à apprécier, objectivement, les bénéfices, les toxicités et les coûts », explique Julie M. Vose, présidente de l’ASCO. « Notre but est d’éclairer les oncologues et leurs patients à peser les options thérapeutiques à partir de données scientifiques de qualité, pour mieux tenir compte des besoins et désirs, buts de chaque patient, précise-t-elle. Et nous espérons que la publication de la version initiale de cet outil, qui n’est qu’à son début, va favoriser le débat sur ce sujet critique ».
Le sujet est critique en effet. Outre Atlantique, les patients déboursent une large partie des sommes engagées via le paiement des assurances mais aussi de leur poche. Résultat, un nombre croissant d’entre eux renoncent à certains traitements ou n’en prennent qu’une partie. Alors que certains se retrouvent littéralement ruinés... Quand, en France, l’accroissement extraordinaire des sommes engagées en oncologie risque de faire défaut dans d’autres domaines de la santé.
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