LE CANCER DU COL de l’utérus est « l’exemple type » de la maladie à dépister, qui a « même tout d’une pathologie idéale pour le dépistage de masse », étant à la fois grave, fréquente et d’évolution lente et prévisible. Les experts et la Haute Autorité de santé (HAS) s’accordent sur ce fait et défendent la proposition d’un dépistage organisé, et non plus individuel, pour pallier les failles du système actuel. Les recommandations actuelles d’un frottis cervico-vaginal (FCV) tous les 3 ans de l’âge de 25 ans à 65 ans sont en effet loin d’être correctement suivies.
En France, sur les 17,5 millions de femmes concernées par le dépistage, seules 57 % d’entre elles en bénéficient. Alors que 51,6 % des femmes sont trop peu dépistées, 40,6 % le sont trop fréquemment, « parfois une fois par an, alors qu’un délai inférieur à 3 ans n’améliore pas les performances ». « Environ un tiers des femmes fait ce qu’il faut, un tiers en fait trop et un tiers n’en fait pas assez », estime pour sa part Catherine Rumeau-Pichon de la Haute Autorité de santé (HAS). L’occasion de rappeler la position adoptée par l’institution en 2010, qui défend l’instauration d’un dépistage organisé, suivant l’exemple de pays comme le Royaume-Uni. « L’instauration d’un dépistage national systématique (...) pourrait contribuer à réduire tant le surdépistage que le sous-dépistage », renchérit le Dr Xavier Carcopino, gynécologue-obstétricien à l’hôpital Nord-CHU de Marseille.
Le vaccin HPV en complément du frottis.
Il reste que le dépistage n’est pas infaillible, exposant tout à la fois à un risque de faux positifs et de faux négatifs. Le premier écueil est de surdiagnostiquer et surtout de surtraiter, puisque la conisation chez la femme jeune triple le risque d’accouchement prématuré. Le second est de passer à côté d’une dysplasie voire d’un cancer du col et selon une étude de 2006, 27 % des patientes chez qui l’on diagnostique un cancer du col avaient eu un frottis « normal » dans les trois années précédentes.
Pour remédier à cet état de fait, les spécialistes insistent sur la nécessité de la vaccination HPV en complément, protégeant des types 16 et 18 responsables de 70 à 80 % des dysplasies cervicales. « Moins du tiers des adolescentes françaises sont aujourd’hui vaccinées contre les HPV ». Pour rappel, le vaccin est désormais recommandé entre 11 et 14 ans, avec un rattrapage de 15 à 19 ans révolus chez les jeunes filles vierges ou dans l’année suivant les premiers rapports sexuels.
Le test HPV en suspens
Autre solution avancée, le test HPV. Ce test de biologie moléculaire s’est avéré un plus performant que le frottis. Les experts américains recommandent d’ailleurs un dépistage du cancer du col soit par frottis, soit par test HPV, en privilégiant ce dernier chez les femmes de plus de 30 ans, un âge où la majorité des femmes infectées ont normalement éliminé le virus. Arguant du fait que l’interprétation du test doit être parfaitement connue et maîtrisée pour en garantir les performances, la France ne le recommande que dans une seule indication, les frottis ASC-US (Atypical Squamous Cells of Undetermined Significance ou atypies cytologiques des cellules malpighiennes de signification indéterminée), laissant la priorité à l’optimisation du suivi par frottis et à la vaccination.
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