COUP DOUBLE pour l’acide zolédronique dans le cancer du sein. Administré en prévention de la perte osseuse chez les femmes en préménopause traitées par hormonothérapie, le biphosphonate s’avère être bénéfique également dans la lutte anti-tumorale. C’est ce que confirme une étude autrichienne dans son suivi à 62 mois, soit plus de 2 ans après l’arrêt de tout traitement anti-cancéreux. L’étude ABCSG-12 (Austrian Breast and Colorectal Cancer Study Group), dirigée par le Pr Michael Gnant (Vienne) avait précédemment observé à 48 mois que les patientes traitées par tamoxifène ou anastrozole en association avec de l’acide zolédronique pendant 3 ans étaient moins sujettes aux rechutes. Le phénomène se vérifie ainsi à plus long terme avec un risque de récidives diminué de près de 32 %.
Les 1 803 femmes non ménopausées incluses dans l’étude ABCSG-12 présentaient un cancer du sein au stade précoce (stade I-II) avec récepteurs hormonaux positifs, justifiant une castration chimique par inhibiteur de la LH-RH, la goséréline, à la dose de 3,6 mg tous les 28 jours. L’essai à 4 bras avait initialement pour objectif de comparer l’efficacité de l’anastrozole (1 mg/jour) ou du tamoxifène (20 mg/jour) en association ou non à de l’acide zolédronique (4 mg tous les 6 mois) sur une durée de traitement de 3 ans. Huit variables pronostiques étaient prises en compte pour la randomisation : l’âge, la chimiothérapie néoadjuvante, le stade tumoral, le nombre de ganglions atteints, le type de chirurgie et le traitement locorégional, le curage axillaire, radiothérapie peropératoire et la région géographique.
Hypothèse du « micro-environnement »
À 62 mois, 186 rechutes, à savoir 73 décès, 45 récidives locorégionales, 100 rechutes à distance (53 métastases osseuses), 14 cancers controlatéraux et 27 tumeurs primaires extra-mammaires, ont été observées : 53 dans le groupe tamoxifène seul (450), 57 dans le groupe anastrozole (453), 36 dans le groupe tamoxifène associé au zolédronate (450) et 40 dans le groupe anastrozole associé au zolédronate (450). Si le biphosphonate diminue de 32 % le risque de récidives, il ne modifie pas significativement la mortalité (30 décès dans les groupes zolédronate versus 43 dans les groupes témoin). La tolérance du zolédronate était bonne dans l’ensemble sans cas d’insuffisance rénale, ni d’ostéonécrose mandibulaire. À noter cependant que les douleurs osseuses, l’asthénie, les céphalées et les arthralgies étaient plus fréquentes.
Ces résultats confirment l’hypothèse du « micro-environnement » selon laquelle l’os et, en particulier, la moelle osseuse peuvent s’avérer plus ou moins propices à la dissémination des cellules tumorales. Le zolédronate modifierait ce « terreau » en le rendant moins favorable à survie des cellules cancéreuses et en diminuant ainsi le risque de récidives. Comme le font remarquer les auteurs, ces nouvelles données confortent la Société Européenne d’Oncologie Médicale, l’ESMO (European Society of Medical Oncology), qui a déjà recommandé à double titre le zolédronate dans le traitement du cancer du sein chez les femmes non ménopausées traitées par hormonothérapie, mais aussi chez celles ménopausées traitées par anti-aromatases.
The Lancet Oncology, publié en ligne le 4 juin 2011. DOI:10.1016/S1470-2045(11)70122-X.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024