UTILISÉE EN ROUTINE dans différentes tumeurs solides, comme le cancer du sein, le cancer de la vulve ou le mélanome, la technique du ganglion sentinelle est évaluée depuis quelques années dans le cancer du col de l’utérus aux stades précoces. L’atteinte ganglionnaire constitue un facteur pronostique majeur. Mais aux stades précoces, elle n’est trouvée que dans 15 % des cas et, lorsqu’ils sont atteints, les métastases sont de petite taille et de ce fait difficiles à mettre en évidence en imagerie. La réalisation d’un curage systématique expose à un risque de lésion nerveuse ou vasculaire peropératoire, à des effets secondaires (lymphocèle, adhérence et lymphœdème principalement) et se heurte au problème des variations anatomiques du drainage lymphatique, qui peut se faire dans des voies plus rares non prélevées systématiquement, aortico-caves par exemple.
Dans un premier temps, la faisabilité de la technique a été démontrée dans une étude multicentrique ayant inclus 127 patientes présentant un cancer du col épidermoïde ou glandulaire de stade 1A1 avec emboles à 1B1. Toutes les femmes peuvent bénéficier de la technique, qui combine une injection de technétium la veille de l’intervention et de bleu patenté en peropératoire. Le repérage des ganglions est facilité par les nouvelles techniques d’imagerie, en particulier la lymphoscintigraphie associée au scanner qui permet, grâce à une reconstruction en 3D, de situer de façon très précise le ganglion. Dans l’avenir, l’immunofluorescence, encore au stade expérimental, devrait également faciliter le repérage ganglionnaire.
Quasiment pas d’effets secondaires.
La technique du ganglion sentinelle est quasiment dénuée d’effets secondaires, exception faite de l’allergie au bleu patenté (1/10 000, avec risque de choc anaphylactique), colorant largement utilisé dans l’alimentation et donc à l’origine de sensibilisations.
« La technique est efficace, puisqu’elle permet de détecter au moins un ganglion sentinelle chez au moins 95 % des patientes », note le Pr Fabrice Lécuru. Elle confirme la variabilité anatomique du drainage avec, dans 15 % des cas, des ganglions retrouvés en dehors du territoire ilio-obturateur, qui n’auraient pas été prélevés lors d’un curage classique.
La fiabilité de la technique est également démontrée : lorsqu’au moins un ganglion sentinelle est prélevé de chaque côté et que ces ganglions sont normaux, le risque de faux négatif est proche de zéro, comme l’a mis en évidence l’étude prospective multicentrique SENTICOL (1) ayant inclus 139 patientes atteintes d’un cancer du col de stade 1A1 à 1B1.
Point important : grâce à cette technique, l’examen anatomopathologique porte sur un moindre nombre de ganglions, ce qui favorise une analyse plus fine et se traduit par la mise en évidence plus fréquente de micrométastases. Cela permet de mieux évaluer le stade de la maladie et d’adapter le traitement. Il reste à évaluer l’impact pronostique de ces micrométastases et à préciser l’impact de la technique du ganglion sentinelle sur la morbidité. C’est l’objet d’une étude qui vient de se terminer et dont les résultats devraient être connus dans les prochains mois.
La technique du ganglion sentinelle pelvien est également évaluée depuis plusieurs années dans les cancers de l’endomètre aux stades précoces (I et II) de la classification FIGO (Federation of Gynecology and Obstetrics), où elle apparaît comme un bon compromis entre la lymphadénectomie systématique, récemment remise en cause, et l’absence de curage. Selon une étude multicentrique récente ayant inclus 133 patientes (2), la valeur prédictive et la sensibilité de la technique sont respectivement de 97 % et de 84 %. Elle a permis de détecter de 11 à 15 % de micrométastases passées inaperçues avec l’examen anatomopathologique classique, dont la présence est un facteur de récidive pelvienne et à distance et modifie de ce fait la stratégie thérapeutique.
D’après un entretien avec le Pr Fabrice Lécuru, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris.
Liens d’intérêt : aucun.
(1) Lécuru F, Mathevet P, Querleu D, et al. Bilateral negative sentinel nodes accurately predict absence of lymph node metastasis in early cervical cancer: results of the SENTICOL study. J Clin Oncol. 2011 May 1;29(13):1686-91. Epub 2011 Mar 28.
(2) Ballester M, Dubernard G, Lécuru F, et al.Detection rate and diagnostic accuracy of sentinel-node biopsy in early stage endometrial cancer: a prospective multicentre study (SENTI-ENDO). Lancet Oncol. 2011 May;12(5):469-76. Epub 2011 Apr 12.
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