Fondés sur une stratégie alliant la médecine de précision et l’immunothérapie, deux vaccins thérapeutiques sont en cours d’évaluation à l’Institut Curie, en collaboration avec la société de biotechnologie Transgene : le vaccin personnalisé TG4050 et le vaccin TG4001 ciblant le papillomavirus humain (HPV).
Première vaccination personnalisée à Toulouse
Après des résultats concluants en préclinique sur le vaccin individualisé, un premier essai de phase I, mené conjointement par les Pr Christophe Le Tourneau (Institut Curie) et Jean-Pierre Delord (Oncopole de Toulouse), a été lancé auprès de 30 patients nouvellement diagnostiqués pour un cancer ORL HPV négatif (1), localement avancé et traité par chirurgie. Le 15 janvier à Toulouse, un premier patient a été inclus dans l’essai et a pu être vacciné.
Pour réaliser cette vaccination personnalisée, un échantillon tumoral est récupéré chez les patients opérés, sur lequel est effectuée une caractérisation moléculaire (séquençage NGS). La stratégie s’appuie sur la connaissance de toutes les mutations génétiques propres à la tumeur, à l’origine des néoantigènes disposés à la surface des cellules cancéreuses. Pour chaque patient, une trentaine de mutations sont sélectionnées grâce à l’utilisation de modèles mathématiques (deeplearning), afin de créer un vaccin spécifique dans un court délai. « Il vient d’être démontré qu’il est possible de mettre à disposition une immunothérapie individualisée en trois mois », explique le Pr Delord (1). En effet, avec l’aide du centre d’immunothérapie des cancers de l’Institut Curie, Transgene crée en trois mois un vaccin personnalisé, en insérant les gènes sélectionnés dans un virus atténué. Puis, l’essai étant randomisé, le vaccin préparé est administré chez moitié des patients après chirurgie et radiothérapie et, pour l’autre moitié, au moment de la rechute. « Cela permet de vacciner le patient afin d’éviter qu’il récidive de son cancer, précise le Pr Letourneau. Nous sommes au tout début de cet essai de phase I et nous devrions avoir les résultats d’ici deux ou trois ans ».
Cibler le HPV : les résultats encourageants de l’Institut Curie
Le second essai, développé à l’Institut Curie, porte sur le vaccin TG4001 ciblant le HPV16, à l’origine de certains cancers (col de l’utérus, canal anal, pénis, ORL). « Il s’agit de traiter des patients avec une immunothérapie classique à laquelle on ajoute une vaccination thérapeutique anti-HPV », explique le Pr Letourneau. Dans un essai de phase Ib/II, 34 patients présentant des tumeurs HPV16-positives métastatiques et/ou récidivantes ont reçu ce vaccin thérapeutique combiné à une immunothérapie anti-PDL1, l’avelumab. Présentés au congrès virtuel ESMO Immuno-Oncology en décembre 2020 (2), les résultats ont mis en évidence le développement d’une immunité spécifique et de transformations du micro-environnement tumoral (sept patients en réponses partielles et un en réponse complète). « Nous avons des résultats encourageants et nous allons développer prochainement une phase II randomisée pour confirmer ces données préliminaires ».
D’après la conférence de presse de l’Institut Curie, le 26 janvier 2021.
(1) Communiqué de presse de l’Oncopole de Toulouse (21 janvier 2021)
(2) Letourneau C. et al. TG4001 therapeutic vaccination combined with PD-L1 blocker avelumab remodels the tumor microenvironment (TME) and drives antitumor responses in Human PapillomaVirus (HPV)+ malignancies, ESMO IO 2020, abstract 276, présentation 63 MO
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