PAR DÉFINITION, l’œsophage de Barrett est une métaplasie siégeant sur de la partie distale de l’organe. On considère que c’est une complication d’un reflux gastro-œsophagien et une lésion précurseur d’adénocarcinome, la transition étant une progression de la dysplasie de bas grade à celle de haut grade. Ce qui justifie une surveillance endoscopique de ces états précancéreux. Toutefois, des études ont trouvé que 95 % des patients chez qui un diagnostic d’adénocarcinome est posé n’ont pas d’antécédent d’œsophage de Barrett. Et les évaluations des programmes de surveillance ne montrent pas d’effet sur la survie. Des éléments qui poussent à s’interroger sur la stratégie de surveillance.
Quand on regarde les études sur l’estimation de l’incidence annuelle des adénocarcinomes et des dysplasies de haut grade dans l’œsophage de Barrett, on constate que les résultats sont d’une grande disparité.
Pour tenter d’y voir plus clair, des praticiens Danois ont utilisé les données des registres qui existent dans leur pays et qui couvrent l’intégralité de la population (5,4 millions de personnes). Le Danish Pathology Registry et le Danish Cancer Registry ont été exploités, avec l’idée de calculer l’incidence des adénocarcinomes ou des dysplasies de haut grade chez les personnes souffrant d’œsophage de Barrett.
Ont été identifiés 11 028 patients ayant un œsophage de Barrett et dont les données ont été analysées pendant une période de suivi de plus de cinq ans. Il y a eu 131 nouveaux cas d’adénocarcinomes pendant la première année, puis 66 par la suite.
« La principale observation de cette analyse est que le risque absolu d’adénocarcinome œsophagien après un diagnostic de Barrett est inférieur à ce qui a été rapporté dans les études antérieures, qui ont été à la base des recommandations actuelles », résument Hvid-Jensen et coll.
Le risque absolu (risque de présenter la maladie) annuel est de 0,12 %, bien plus bas que ce qui est présumé : 0,5 %.
S’il est significativement inférieur à ce qui était publié, le risque relatif d’adénocarcinome (11,3) et de dysplasie de haut grade chez les patients ayant un œsophage de Barrett reste significativement plus élevé que celui de la population générale. Et aussi, cela montre que quand une dysplasie de bas grade était présente au moment du diagnostic d’œsophage de Barrett, les risques relatifs et absolus d’adénocarcinome augmentent substantiellement (taux d’incidence d’adénocarcinome de 5,1 cas pour 1 000 personnes années).
Nos données élargissent les connaissances de différentes manières. Au cours de la décennie passée, le risque d’adénocarcinome chez les porteurs de Barrett a été estimé dans des études beaucoup plus petites et souvent moins prolongées ou n’incluant pas de comparaison avec des données de la population générale.
New England Journal of Medicine, 365 ; 15, 13 octobre 2011.
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