Concernant l’épidémiologie du cancer du pancréas, les dernières données publiées font état d’une hausse massive du nombre de cas en France (1). Son incidence a été estimée à l’aide du Réseau national des registres des cancers français (FRANCIM) et le nombre de décès grâce à l’Office français des statistiques de mortalité.
Une envolée de l’incidence
« En trente ans, entre 1982 et 2012, l’incidence standardisée selon l’âge a doublé chez les hommes passant de 4,8 en 1980 à 9,6 pour 100 000. Elle a triplé chez les femmes passant de 2,3 à 6,8 », constate le Pr Sylvain Manfredi. Chaque année, l’augmentation moyenne de l’incidence était de 2,3 % (2,1-2,6) chez les hommes et 3,6 % (3,3-3,9) chez les femmes.
Le risque cumulé de développer un cancer du pancréas avant 75 ans était de 0,62 % pour les hommes nés vers 1920, et atteignait 1,17 % pour ceux nés vers 1950. Pour les femmes, il était respectivement passé de 0,31 % à 0,86 %, trente ans après. Quant à la mortalité, elle était restée stable chez les hommes (8,1 pour 100 000) alors qu’elle avait légèrement augmenté chez les femmes, passant de 4 en 1982 à 5,4 en 2012.
« Cette étude épidémiologique française est la première à avoir montré une telle augmentation du nombre de cas. Depuis, cette hausse a été constatée dans plusieurs autres pays européens ayant des registres à leur disposition, ainsi qu’aux États-Unis ».
Plus d’hypothèses que de certitudes
Cette incidence croissante reste aujourd’hui mal expliquée. « Plusieurs hypothèses ont été émises. Notamment, les cancers pancréatiques sont mieux déclarés et enregistrés, mais ils sont surtout mieux diagnostiqués qu’il y a plusieurs années. C’est probablement vrai, mais cela n’explique pas pourquoi il y a une telle différence entre les hommes et les femmes, souligne le Pr Manfredi. Les facteurs de risque environnementaux traditionnels des cancers, tels que le tabac et l’alcool, sont aussi évoqués. Les femmes ont maintenant rejoint et même dépassé les hommes dans la consommation de tabac ».
Et la prévention ?
Au-delà du diabète et de l’obésité, l’alimentation est souvent mise en cause avec le développement des produits transformés (riches en lipides, glucides…), les additifs, les pesticides… « Il faudrait faire des études alimentaires de grande ampleur et plus fines pour pouvoir le confirmer. Pour l’instant, il n’y a pas de cause clairement identifiée sur laquelle nous pourrions agir. Par ailleurs, le dépistage n’est pas possible : le pancréas n’est pas un organe facilement visualisable ». Il n’existe pas de mesure préventive spécifique à prendre contre le cancer du pancréas. Restent les recommandations de prévention générales, valables pour tous les cancers : l'abstinence tabagique, une alimentation équilibrée et une activité physique régulière pour lutter contre le surpoids, le diabète et l’obésité.
L’identification des facteurs de risque reste un challenge important face à un cancer des plus meurtriers.
D’après un entretien avec le Pr Sylvain Manfredi (CHU de Dijon)
(1) Bouvier A-M et al. Int J Epidemiol 2017;46(6):1764-72.
(2) Cowppli-Bony A et al. Registres des cancers du réseau Francim. Février 2016.
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