Le rôle de l’inflammation conforté

Coronaires : le récepteur de l’IL6 mis en cause

Publié le 21/03/2012
Article réservé aux abonnés
1335257687334264_IMG_80136_HR.jpg

1335257687334264_IMG_80136_HR.jpg
Crédit photo : BSIP

L’INFLAMMATION est un trait biologique caractéristique de l’athérogenèse, à tous les stades, du dysfonctionnement endothélial à la rupture de la plaque.

Jusqu’ici, les études ont rapporté des associations entre les valeurs sanguines de marqueurs connus de l’inflammation (fibrinogène, CRP et IL6) et le risque d’infarctus. Mais en creusant l’aspect génétique chez les humains, on ne peut conclure qu’à une corrélation, et non à une causalité.

Les deux études publiées dans « The Lancet » sur le récepteur de l’IL6 (IL6R), apportent de nouveaux arguments.

Dans l’article du groupe « IL6R Genetics Consortium and Emerging Risk Factors Collaboration », les observateurs trouvent qu’un variant génétique responsable d’une atténuation de l’inflammation réduit le risque de maladie coronaire. Daniel Swerdlow et coll. ont fait la méta-analyse des variants de l’IL6 en relation avec les facteurs de risque conventionnels et tout un ensemble de biomarqueurs de l’inflammation. Ont été concernés plus de 200 000 personnes dans 82 études. Le variant du gène de l’IL6 connu pour réduire l’inflammation, Asp35Ala, se trouve être clairement associé à un effet anti-inflammatoire, comme en témoignent des réductions du taux de CRP et de fibrinogène sanguins, ainsi qu’à une réduction de 3,4 % du risque de maladie coronaire par copie héritée (51 441 patients souffrant de maladie coronaire et 136 226 témoins). Pour les chercheurs, « ces résultats confortent l’hypothèse de l’inflammation à l’origine des CHD et encouragent à tester la modulation des voies de l’IL6R dans la prévention des CHD. »

Le tocilizumab.

Dans l’étude menée par le groupe « The Interleukin-6 Receptor Mandelian Randomisation Analysis (IL6 MR) Consortium », les auteurs ont étudié les données 40 études, pour tester les variants de l’IL6R vis-à-vis de l’inflammation et pour comparer avec l’effet d’un médicament bloquant l’IL6R. Le tocilizumab, cible ce mécanisme inflammatoire à médiation par l’IL6 et il a une AMM dans la polyarthrite rhumatoïde. Les auteurs identifient un polymorphisme portant sur un nucléotide SNP du gène de l’IL6R (rs7529229) associé à un risque réduit de CHD chez un total de 25 458 cas de CHD et 100 740 témoins. Ce qui correspond à une réduction de 5 % du risque de CHD pour chaque copie héritée. L’effet est comparable à ce qui est observé dans la PR sous traitement par tocilizumab. « Seules des études randomisées permettront de connaître l’intérêt du blocage de l’IL6R et du tocilizumab dans la CHD. »

The Lancet, en ligne le 14 mars 2012, doi :10.1016/S0140-6736(12)60110-x ; (12)60361-4 et (11)61931-4.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9102