Depuis ces dix dernières années, les essais thérapeutiques dédiés à la télésurveillance des patients insuffisants cardiaques ont été à l’origine de données contradictoires, alternant résultats favorables ou neutres. Plusieurs équipes ont développé des approches différentes, concernant les paramètres télésurveillés, les modalités de surveillance et d’actions en cas d’alarme.
Réduction de la durée d’hospitalisation et de la mortalité
Trois essais consécutifs d’envergure (TIM-HF, TELE-HF et BEAT-HF) n’ont pas pu démontrer de bénéfice de la télésurveillance. Néanmoins, la récente étude TIM-HF2, réalisée en Allemagne, a retrouvé non seulement une diminution du temps passé par les insuffisants cardiaques à l’hôpital (critère primaire), mais également une réduction de la mortalité. Les moyens utilisés dans ce dernier essai étaient cependant considérables : surveillance journalière du poids, des symptômes, de la pression artérielle, de la saturation pulsée en oxygène (SpO2), analyse du rythme cardiaque électrocardiographique et suivi permanent des patients (24h/24, 7j/7) par des médecins spécialistes capables d’intervenir immédiatement tel un véritable SAMU de l’IC.
Deux programmes français différents
Grâce au programme ETAPES, nous avons en France la chance de posséder une expérimentation de la télésurveillance en vie réelle. Nous attendons également les résultats imminents de l’étude OSICAT, plus grand essai thérapeutique national randomisé réalisé dans ce domaine. Néanmoins, si les paramètres télésurveillés sont proches (mesure journalière du poids et appréciation des symptômes, 5 jours sur 7 aux heures ouvrables, associés à un accompagnement thérapeutique), les modalités de réaction en cas d’alarme sont fondamentalement différentes. En cas d’alarme dans OSICAT, les infirmières de la centrale du prestataire demandaient au patient de consulter leur médecin généraliste, afin de ne pas perturber la chaîne de soins usuelle. Le lendemain, elles s’assuraient par un nouvel appel de la mobilisation de leur patient. Au cours du programme ETAPES, ce sont les cardiologues assurant la télésurveillance qui proposent directement en cas d’alarme (vérifiée auparavant par un personnel infirmier spécialisé) une action à leur patient, le plus souvent une majoration transitoire de la posologie des diurétiques de l’anse. Il s’agit donc de deux méthodes totalement différentes.
Vers un désengorgement des urgences ?
Les résultats d’OSICAT, quels qu’ils soient, ne devront pas influencer le développement du programme ETAPES. Ce dernier fait de la France un pays leader dans le déploiement de la télésurveillance au cours de l’IC, étape essentielle à l’amélioration du parcours de soins de nos patients. L’évaluation du programme ETAPES sera donc très attendue, d’autant qu’elle impacte directement la rémunération des acteurs impliqués. En effet, les premières données suggèrent une diminution drastique des hospitalisations aux urgences de porte, participant au désengorgement de ces structures. De plus, la crise sanitaire que nous traversons démontre tout l’intérêt de la télésurveillance, associée à la téléconsultation, dans la gestion à distance des insuffisants cardiaques en cas de confinement.
Fédération des services de cardiologie, CHU Toulouse-Rangueil
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