Tandis que l’insuffisance cardiaque est associée à une forte mortalité, les outils disponibles à l’heure actuelle pour évaluer le pronostic demeurent peu précis.
Afin de combler cette lacune et alors que les techniques « -omiques » progressent, une équipe américaine a évalué, dans une étude publiée début janvier dans Annals of Internal Medicine, l’intérêt d’une approche de protéomique à haut débit (1). Ce travail visait à développer puis valider un score de risque de mortalité lié à l’insuffisance cardiaque fondé sur les protéines plasmatiques de patients.
38 protéines sélectionnées sur près de 7 300
Plus de 1 350 individus insuffisants cardiaques ont été recrutés entre 2003 et 2007 (855 patients d’une première cohorte, de développement, incluant environ 50 % de femmes, de 75 à 80 ans d’âge médian, dont environ un tiers avec une fraction d’éjection ventriculaire (FEVG) inférieure à 40 %) puis entre 2008 et 2012 (pour près de 500 patients d’une deuxième cohorte, de validation, similaire à la première) et suivis jusqu’à 2021. Le taux de mortalité à cinq ans parmi ces participants était de 52,1 %.
Un total de 7 289 protéines plasmatiques ont été mesurées au moyen du test protéomique à haut débit SomaScan Assay (SomaLogic) chez ces participants. Les plus pertinentes ont alors été sélectionnées pour construire un score protéomique. Finalement, 38 protéines plasmatiques ont été identifiées comme des prédictives de mortalité et sélectionnées pour le score protéomique.
Les performances de ce score pour prédire le risque de décès à cinq ans ont été comparées à celles d’outils plus classiques – à l’instar du score Maggic (Meta‐analysis global group in chronic heart failure mortality risk score) ou du NT-proBNP.
Mieux estimer les risques les plus faibles et les plus élevés
Il s’est avéré plus précis que le score Maggic, par exemple, pour prédire le risque de décès. Selon la publication, « indépendamment de la fraction d’éjection, le score de risque protéique a démontré (…) (sa capacité à) reclassifier le risque de mortalité, en particulier aux extrêmes de la distribution du risque. »
Ainsi, ce score de risque protéique pourrait permettre de mieux identifier les patients insuffisants cardiaques les plus à risque de décès, afin d’adapter leur traitement. Par exemple, un tel score pourrait aboutir à des escalades de doses plus rapides, ou une orientation plus précoce vers une greffe cardiaque. Reste toutefois à s’assurer des performances de ce score sur d’autres cohortes, et à fixer les valeurs seuils devant conduire à certaines interventions. Des études de faisabilité, notamment médicoéconomiques, semblent par ailleurs requises.
(1) Kayode O Kuku et al. Development and validation of a protein risk score for mortality in heart failure : a community cohort study. Ann Intern Med. 2024 Jan;177(1):39-49
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