Première cause de mortalité dans le monde, l’IC concerne majoritairement les personnes âgées et une augmentation de 25 % tous les quatre ans est à prévoir. Malheureusement, environ 600 000 Français sont en errance diagnostique et susceptibles de décompenser, entraînant 200 000 hospitalisations et 42 % des dépenses de l’Assurance Maladie. Ce contexte alarmant pousse nos institutionnels à renforcer le parcours de soins.
Repérer les patients
Une patientèle de médecin généraliste représente environ 1 060 patients et l’IC concernerait 25 d’entre eux. Aucun médecin ne peut s’identifier à ce chiffre. La raison est simple : seulement un cas sur cinq est connu, soit en moyenne 20 personnes non dépistées par patientèle. L’optimisation du parcours débute donc par le repérage de nos patients les plus à risque. Cela commence par la recherche des signes EPOF : Essoufflement, Prise de poids, Œdème et Fatigue. Puis, un bilan sanguin est nécessaire, ainsi que l’orientation vers un confrère cardiologue pour confirmer le diagnostic.
La prise en charge des personnes diagnostiquées requiert la coordination d’un certain nombre d’acteurs avec chacun un rôle identifié. Il faut savoir qu’aujourd’hui, le diagnostic se fait à la suite d’une décompensation induisant hospitalisation et diminution de l’espérance de vie.
Une prise en charge médicale et paramédicale
Il est primordial de prescrire des visites à domicile par une infirmière diplômée d’état (IDE) pour surveiller un certain nombre de constantes : tension, prise de poids, observance médicamenteuse. L’éducation thérapeutique a également sa place. L’idée est de modifier l’hygiène de vie des patients et de les impliquer dans leur prise en charge : changement d’alimentation avec limitation de la consommation journalière de sel, rééquilibrage nutritionnel, mise en mouvement, repérage de ses propres signes d’alerte de décompensation, etc. Ces interventions paramédicales se font à travers la prescription d’un acte médical infirmier (AMI) 5.8 valorisé à hauteur de 18 €, somme non négligeable pour nos collègues IDE.
Par ailleurs, le médecin doit titrer les traitements médicamenteux mis en place lors de la sortie d’hospitalisation, et profiter des moments où le patient va mieux pour améliorer la thérapeutique. L’objectif est d’avoir des doses minimales optimales sur le long terme. Aussi, la vérification du carnet vaccinal est indispensable. Les recommandations d’usage pour les patients atteints de cette pathologie regroupent les vaccins du pneumocoque, de la grippe et du Covid-19. Nous pouvons compter sur de nouvelles professions pour réaliser ces actes : pharmacien, sage-femme et IDE. C’est un gain de temps considérable, à condition de ne pas omettre la transmission des informations au médecin traitant afin d’implémenter le Dossier médical partagé de « Mon Espace Santé ». Ce virage numérique va nous faciliter la tâche à tous.
L’IC est reconnue en affections longue durée (ALD 05), nécessitant le remplissage d’un formulaire pour une prise en charge à 100 % des traitements, examens, consultations et soins liés à la maladie. Le protocole de soins n’est pas toujours complété à la suite de la pose du diagnostic et c’est à nous d’y veiller. Aujourd’hui, 60 % des personnes atteintes d’IC possèdent l’ALD.
Coordination et suivi
Nous avons aussi une mission de coordination de l’équipe traitante : médecin spécialiste, IDE, infirmière de pratique avancée (IPA), masseur-kinésithérapeute, éducateur sportif, diététicien, etc. Cela est complexe et chronophage, mais améliore considérablement la qualité de vie et la prise en charge du patient. Ainsi, l'Assurance-maladie a mis en place le PRADO afin de coordonner chaque acteur à la suite d’une hospitalisation, en cas d'errance des patients, en ne perturbant pas le parcours habituel. La coordination des soins primaires entre la cardiologie de ville et le centre hospitalier est indispensable, et se voit optimisée dans les parcours de soins des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).
Le suivi de nos patients insuffisants cardiaques demande rigueur et réactivité : dosage de la carence martiale annuelle, des NT-proBNP, ajustement des thérapeutiques, rappel vaccinal pour le pneumocoque, observance médicamenteuse, télésuivi par les cardiologues si possible, éducation thérapeutique, activité sportive adaptée, etc. À ce jour, l’espérance de vie à cinq ans est de 50 % et la décompensation ne fait que diminuer ce chiffre. Ralentir la progression de la maladie et éviter les complications sont essentiels pour ne plus faire de l’IC la première cause de mortalité à partir de 60 ans.
Cabinet médical de Lherm
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