Le score calcique a été mis au point par Arthur Agatston il y a bientôt trente ans. Au début des années 1990, l’IMATRON est le dernier cri de la technologie : il permet de voir les calcifications coronaires. Agatston calcule la meilleure formule pour apprécier l’étendue des lésions d’athérome coronaire : un mix entre la densité des plaques et leur surface.
En fait, contrairement à ce qu’indique son intitulé, le score calcique reflète l’étendue de l’ensemble des lésions athéromateuses coronaires, calcifiées ou non. En effet, l’immense majorité des plaques d’athérome est mixte, c’est-à-dire constituée d’un noyau calcaire, et d’une zone fibrolipidique non-calcaire. Les plaques exclusivement calciques, ou au contraire ne comportant aucun élément calcifié, sont l’exception. De fait, Il existe une relation étroite entre le score calcique et le volume total de l’athérome coronaire.
Un score prédictif d’accident cardiaque
L’arrivée des scanners multibarrettes au début des années 2000 est déterminante. Il est alors possible, en quelques secondes, de couvrir l’ensemble du volume cardiaque, et d’identifier parfaitement la présence des plaques athéromateuses coronaires calcifiées, sans la moindre injection de produit de contraste, et avec des machines moins encombrantes et moins coûteuses que l’IMATRON.
Ainsi, le Prospective Army Coronary Calcium Project, incluant 2 000 sujets âgés de 43 ans en moyenne (suivis 4 ans), montre que le score calcique identifie 7 des 8 accidents cardiaques observés. Mais c’est l’étude de Mathieu Budoff, présentée en 2005, qui crée l’événement. Parmi les 25 259 sujets suivis pendant 10 ans, le risque d’accident cardiaque augmente à mesure que le score calcique est plus élevé, les deux variables évoluant avec un parallélisme remarquable. D’autres travaux suivent et se ressemblent : une méta-analyse portant sur 13 études et 71 595 sujets montre qu’un score calcique égal à zéro signifie un risque d’accident cardiaque voisin de 1 pour 1000 par an. Aucun autre test clinique ou paraclinique ne peut prétendre à une telle puissance prédictive. Le score calcique s’avère notamment plus précis que les traditionnels facteurs de risque, au premier rang desquels figure l’âge : un sujet de 45 ans dont le score est supérieur à 100 a un risque supérieur à un sujet de 75 ans dont le score est égal à zéro !
Plus récemment, l’étude de la MESA (Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis) montre que le bénéfice des statines, en termes de prévention du risque d’accident cardiaque, existe chez les sujets dont le score est supérieur à 100, mais pas en dessous. Un score calcique inférieur à 100 peut donc faire discuter l’indication de statine chez un sujet qui supporte mal son traitement. A contrario, un score élevé constitue un argument de poids pour initier ou maintenir un traitement par statines, puisqu’en réalité le bénéfice de cette thérapeutique augmente à mesure que le score calcique est plus élevé.
Facteur prédictif du risque de décès toute cause confondue
Une autre avancée majeure est l’étude multicentrique « CAC CONSORTIUM », publiée le 4 avril (1), portant sur 66 636 sujets asymptomatiques sans pathologie cardiovasculaire connue, recrutés entre 1991 et 2010, et suivis en moyenne 12,4 ans. L’âge moyen est de 54 ans à l’inclusion, avec 66 % d’hommes. Au cours du suivi, on enregistre 971 décès cardiovasculaires (dont 524 purement cardiaques) et 2 187 décès d’autre origine (dont 1 129 par cancer). Au départ, 44 % des sujets ont un score égal à zéro.
Le score calcique prédit le risque de décès cardiovasculaire, qui passe de 0,3 à 4,7/1 000/an selon que le score est égal à zéro ou supérieur à 300 (voir tableau). Mais il prédit aussi le risque de décès toutes causes confondues, le risque de décès non-cardiovasculaire, et notamment le risque de décès par cancer, qui varie de 0,8 à 3,3/1 000/an, soit un accroissement de plus de 400 % (entre un score = 0 et ≥ 300). Cette publication importante confirme l’association entre le score calcique (coronaire) et le cancer. Le score calcique étant le reflet d’une prolifération tissulaire anormale, il pourrait constituer une première étape vers la détermination de l’âge physiologique d’un sujet.
(1) Whelton S.P. et al, Coronary artery calcium and the competing long-term risk of cardiovascular vs. cancer mortality: the CAC Consortium, European Heart Journal - Cardiovascular Imaging, Volume 20, Issue 4, April 2019, p389-395, https://doi.org/10.1093/ehjci/jey176
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