Un rôle des cellules endothéliales dans le cerveau

Un système de voirie vasculaire

Publié le 31/05/2010
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Crédit photo : DR

LA DÉCOUVERTE d’un mécanisme de protection des microvaisseaux cérébraux donne certaines perspectives pour la compréhension des pertes cognitives dans le vieillissement, la maladie d’Alzheimer ou les suites d’AVC. Des états où l’on peut supposer que ces mécanismes ont pu être dépassés. Par ailleurs, on peut imaginer des voies de recherche pour les remettre à l’œuvre ou les renforcer.

La fluidité du flux sanguin dans la vascularisation cérébrale jusqu’aux vaisseaux les plus fins, dont le calibre est de l’ordre de quelques microns, est évidemment cruciale pour le bon fonctionnement des cellules nerveuses. À chaque instant, des obstructions de ces microvaisseaux du cerveau peuvent survenir. Lorsqu’un vaisseau est obstrué, différents processus de désintégration de l’embole, puis de débarras des débris, peuvent être engagés : les forces hémodynamiques jouent, le système fibrinolytique intervient. Mais tous les emboles ne sont pas complètement évacués et des résidus peuvent rester adhérents à la paroi vasculaire

Une technique d’imagerie toute récente.

Jaime Grutzendler et coll. décrivent dans «Nature» (27 mai) l’utilisation d’une technique d’imagerie toute récente, qui permet de visualiser les microvaisseaux chez des souris vivantes. Ils ont associé une technique de microscopie à haute résolution, sur du tissu fixé, à une imagerie biphotonique. Ils publient des images enregistrées entre 2 et 7 jours après l’embolisation expérimentale d’un microvaisseau.

On voit très nettement l’activité dynamique des cellules de la membrane endothéliale qui forme la paroi des microvaisseaux. Les cellules endothéliales se déforment envoient des projections et viennent entourer les restes de l’embole, l’encapsulent puis le transfèrent de l’intérieur du vaisseau vers l’extérieur. À la fin du processus, la paroi cellulaire se reforme et le flux sanguin est restauré à l’initiale.

Par ailleurs, l’équipe montre que ce mécanisme protecteur complexe implique l’activité d’une enzyme de la classe des métalloprotéases, capable de rompre les protéines de grande taille présentes dans le thrombus. On connaît le rôle de ces enzymes dans le développement des vaisseaux sanguins ainsi que dans certains états pathologiques comme les AVC.

Grutzendler et coll. observent que la capacité à débloquer complètement un vaisseau sanguin exercée par les cellules endothéliales se réduit avec l’âge. Des jeunes souris, âgées de 4 mois, sont capables de débarrasser des emboles plus rapidement et complètement que des souris plus âgées (22 mois). Le blocage partiel laissé en place chez les souris âgées a provoqué une réduction de l’apport en oxygène des cellules nerveuses environnantes et un endommagement des connexions cellulaires.

Selon ces auteurs, « l’efficacité réduite du mécanisme protecteur des cellules endothéliales dans les cerveaux les plus âgés et son effet sur le fonctionnement des cellules au voisinage des vaisseaux obstrués peut contribuer de manière significative au déclin cognitif associé à l’âge. Cela peut également participer à des mécanismes par lesquels des facteurs de risque vasculaires, tels que l’HTA ou le diabète, augmentent les risques de maladie d’Alzheimer avec l’âge».

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8779