Modification du type d’intervention, reprogrammation en cascade, retard de prise en charge… Une reprogrammation au bloc opératoire peut avoir des conséquences délétères pour les patients. C’est ce que souhaite éviter la Haute Autorité de santé (HAS), qui appelle à « ne pas banaliser la pratique » consistant à modifier la date en la reportant ou en l’avançant (une simple modification horaire dans la même journée n’étant pas considérée comme une reprogrammation).
Dans une solution pour la sécurité des patients, l’autorité de santé propose des outils que les établissements peuvent « librement » adapter : check-list des points d’attention, fiche d’information patient, grille d’évaluation, etc.
Les reprogrammations, qui ont été exacerbées par la pandémie de Covid-19 et les annulations massives liées à la fermeture des blocs opératoires, « font désormais partie du quotidien, voire sont utilisées comme variables d’ajustement (...) dans un contexte de manque de ressources humaines, tant médicales que paramédicales », souligne la HAS. Le phénomène est très présent puisqu’environ 10 % des interventions sont reprogrammées.
Or, ces reprogrammations peuvent mal se passer et être la cause d'événements indésirables associés aux soins (EIAS), dont l’immense majorité serait « évitable ou probablement évitable ».
D’après une analyse d’un retour d’expérience de l’accréditation, la HAS pointe des causes immédiates variées dont les plus fréquentes sont : dispositif médical non disponible (absence de commande lors de la reprogrammation, dépassement de la date de péremption), aggravation de l’état clinique du patient, absence d’arrêt d’un traitement (principalement les anticoagulants mais aussi les antihypertenseurs, les biothérapies ou les chimiothérapies). Sont aussi retrouvés : absence d’examens pré-opératoires, erreur de planning ou erreur de libellé de l’intervention.
Parmi 215 EIAS identifiés, les conséquences principales étaient une nouvelle annulation de l’intervention, une modification de l’intervention initialement prévue pour une plus complexe ou utilisant un dispositif médical différent, une perturbation de l’organisation du bloc opératoire.
De l’importance de tout reprendre à zéro
En tant que principal concerné, le patient doit être activement impliqué, notamment dans le choix de la date de reprogrammation. « Quel que soit le motif d’annulation (cause “organisationnelle” ou “patient”), les professionnels doivent faire preuve de la même vigilance lors de la reprogrammation et tout reprendre à zéro », insiste la HAS.
Le partage d’informations et la coordination entre professionnels sont essentiels. Définir au sein de chaque établissement qui fait quoi est central et tous les acteurs de l’annulation doivent être avertis. À ce titre, les logiciels de programmation ont leur importance car ils doivent permettre de faire le point (inscrire les motifs d’annulation, renseigner la nécessité de reprogrammation, suivre la file active de patients en attente de reprogrammation, reprogrammer facilement à partir des informations de l’intervention annulée, etc.).
Autre point clé, le suivi des patients à reprogrammer, notamment par une file active. L’organisation interne est à définir (par exemple le chirurgien concerné, un référent dédié ou une cellule de crise). Toutes les informations et consignes doivent être données au patient et à ses aidants le jour de l’annulation. À cet effet, la HAS met à disposition une fiche type d’information pour les patients.
Quant à la check-list pour la reprogrammation, elle permet de vérifier que toutes les étapes sont validées, de l’annulation à la reprogrammation et avant la réintervention.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024