LE 1er FÉVRIER dernier, l’équipe du Pr Xavier Martin a réalisé un prélèvement de rein sur une donneuse vivante, de 45 ans, utilisant une nouvelle technique de cœliochirurgie à trocart unique. Ce trocart transombilical et multi-valves a permis d’introduire 3 instruments et une caméra, permettant ainsi la dissection et l’extraction du rein. D’environ 6 cm, l’incision ombilicale nécessaire est restée peu apparente. L’intervention, d’une durée de trois heures, s’est avérée aussi longue qu’une cœliochirurgie classique mais présenterait des avantages cosmétiques et permettrait de réduire les douleurs postopératoires. « Cette amélioration technique doit être considérée avec une grande prudence », indique le Pr Martin. « Il convient d’évaluer cette méthode afin d’en apprécier les apports, notamment sur le plan fonctionnel pour le rein prélevé. » Déjà utilisée en France pour réaliser des cholécystectomies et des appendicectomies, cette chirurgie « single port » est pour la première fois utilisée dans le cas de donneurs vivants. Cette technique a été initiée en novembre 2008 aux États-Unis, par une équipe de la Cleveland Clinique (Ohio), où 40 prélèvements ont déjà été effectués de cette manière. C’était déjà cette même équipe américaine qui, en 2009, avait réalisé la première néphrectomie par voie transvaginale, dite chirurgie par orifice naturel ou NOTES (Natural Orifice Translumenal Endoscopic Surgery). Selon cette équipe, cette voie d’abord serait susceptible de réduire la morbidité et d’accélérer la convalescence. Afin d’être en mesure de réaliser cette première en Europe, l’équipe lyonnaise a envoyé un jeune chef de clinique, le Dr Sébastien Crouzet, se former à la Cleveland Clinic et un chirurgien de Cleavland est venu pour épauler l’équipe lors de l’acte opératoire.
Des gestes d’une extrême précision.
Cette technique réclame une extrême précision des gestes, car réaliser une néphrectomie chez un donneur vivant demeure une intervention très délicate puisqu’elle doit préserver l’artère, la veine et l’urètre, en sus du rein lui-même. Cette technique est d’ailleurs « controversée », fait observer Xavier Martin, « car c’est considérer que l’on prend beaucoup de risques pour un donneur vivant, vis-à-vis duquel nous n’avons pas droit à l’erreur ». Ajoutant : « En 1997, l’utilisation de la cœliochirurgie normale dans la même indication par l’équipe du Pr Clément-Claude Abbou, puis par mon équipe, a également fait couler beaucoup d’encre. À cette époque, on nous disait aussi que nous prenions des risques. Or, aujourd’hui c’est devenu une technique de routine… Il se pourrait que, dans cinq ans, cette nouvelle technique le devienne aussi ». C’est pourquoi, l’équipe du Pr Martin compte améliorer cette technique à l’École de chirurgie, une grosse plateforme d’apprentissage dont le CHU lyonnais est doté depuis 2005. Xavier Martin entrevoit des pistes d’amélioration, en particulier grâce à la robotique : « Dans ce trocart unique, les instruments sont parallèles, donc nous ne sommes pas très à l’aise, aussi, une des améliorations consisterait à travailler avec un robot ».
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