De nouvelles données, issues d’un suivi jusqu’à 40 ans, confirment les bénéfices de la chirurgie bariatrique sur la mortalité toutes causes confondues. Mais elles révèlent aussi un risque accru de décès par maladie hépatique chronique et par suicide, en particulier chez les patients ayant subi une chirurgie bariatrique alors qu'ils étaient jeunes (entre 18 et 34 ans).
Cette étude rétrospective, publiée dans « Obesity », a porté sur les données de patients ayant été opérés dans l’Utah entre 1982 et 2018, croisées avec une base de données de la population de cet État des États-Unis. Au total, 21 837 paires de patients avec et sans chirurgie ont été appariées selon différents critères tels que l'âge, le sexe, l’indice de masse corporelle (IMC) ou la date de la chirurgie. Les patients opérés avaient eu l'une des quatre procédures de chirurgie bariatrique : bypass gastrique (Roux-en-Y), anneau gastrique ajustable, sleeve gastrectomie et dérivation biliopancréatique avec switch duodénal. Le suivi, étalé sur 40 ans, était en moyenne de 13,2 ans.
Une baisse particulièrement marquée de la mortalité liée au diabète
Il en ressort que les bénéfices de la chirurgie bariatrique sur la mortalité sont durables, avec une baisse significative de 16 % des décès toutes causes confondues des patients opérés par rapport aux non opérés (14 % pour les femmes et 21 % pour les hommes). La mortalité après chirurgie a diminué de 29 % pour les maladies cardiovasculaires, de 43 % pour le cancer et de 72 % pour le diabète. Ces résultats confortent de précédentes observations.
Les auteurs ont en revanche constaté un risque de mortalité dû à une maladie hépatique chronique de 83 % plus élevé chez les patients opérés. Ces décès dus à une cirrhose sont principalement survenus chez les patients ayant été opérés entre 18 et 34 ans, est-il indiqué. Par manque de données, les auteurs n’ont pas pu « enquêter plus avant sur la consommation d'alcool, l'hépatite virale ou la fibrose avant ou après la chirurgie », expliquent-ils.
Ils avancent plusieurs hypothèses. La hausse observée viendrait de patients avec une possible cirrhose au départ, et, « une fois la cirrhose survenue, la résolution est limitée après la chirurgie ». Autre possibilité : « les estimations du risque sont instables, malgré la signification statistique, en raison de la petite taille des échantillons », écrivent-ils.
Une alerte en faveur d’un renforcement du dépistage et du suivi psy
Autre point marquant de l’étude, le risque relatif de suicide était 2,4 fois plus élevé parmi les patients avec chirurgie, principalement chez les participants opérés entre 18 et 34 ans. En 2016, une étude publiée dans « JAMA Surgery » avait montré un risque accru d’automutilation après une chirurgie bariatrique, soulignant la nécessité d'un dépistage du risque suicidaire au cours du suivi. De manière similaire, ces nouveaux résultats motivent les auteurs à suggérer « un dépistage psychologique préchirurgical et un suivi postopératoire plus approfondis », en particulier chez les jeunes patients.
Reste que les bénéfices de la chirurgie bariatrique sur la mortalité peuvent « accroître l'intérêt pour le traitement de la chirurgie bariatrique pour les patients souffrant d'obésité sévère », estiment les auteurs. Leurs résultats pourraient également « stimuler davantage la recherche sur les mécanismes physiologiques et biomoléculaires afin de conduire à un traitement non chirurgical avec une perte de poids et une amélioration de la mortalité similaires à celles obtenues par la chirurgie bariatrique », encouragent-ils.
« Nous espérons que ces travaux amélioreront l'accès des patients à ce traitement efficace contre l'obésité, qui est encore limité à seulement 1 % des patients éligibles », commente dans un communiqué le Dr Jihad Kudsi, chirurgien qui n'était pas associé à la recherche.
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