La démarche d’éducation thérapeutique a été adoptée au début des années 2000 en dermatologie, plus particulièrement dans la dermatite atopique
« où nous avions été interpellés par la fréquence des échecs thérapeutiques parce que les patients ne suivaient pas les prescriptions », rappelle le Pr Jean-François Stalder.
Mais le véritable essor de l’éducation thérapeutique en dermatologie date de la Loi Hôpital Patient Santé et territoires (HPST). « Nous avons travaillé avec nos collègues d’autres disciplines pour acquérir compétences et crédibilité afin de pouvoir appliquer les données théoriques à nos pratiques », poursuit le Pr Stalder.
Le groupe d’éducation thérapeutique en dermatologie (GET) a déposé des programmes auprès des Agences régionales de santé, dans le psoriasis, l’eczéma et la dermite des mains. « Ces programmes ont été validés, et une ouverture s’est faite assez rapidement à l’international, grâce au réseau Opened dermatology », poursuit le Pr Stalder. Ce réseau mondial d’experts en éducation thérapeutique dans les maladies chroniques de la peau permet de développer la recherche clinique et de promouvoir des actions communes.
Et tous les ans, une journée de formation à l’éducation thérapeutique, l’ETPDay, est proposée en association avec la fondation dermatite atopique, fondation d’entreprise du groupe Pierre Fabre.
Parmi les grands thèmes d’éducation thérapeutique: la corticophobie et l’adhésion au traitement dans l’eczéma, ou encore l’aide à la prise en charge des patients souffrant de psoriasis. L’objectif est de développer, avec les associations de patients, des stratégies favorisant une démarche partenaire entre le médecin et son patient.
« Des plateformes structurées d’éducation thérapeutique ont vu le jour dans une douzaine de villes de France, indique le Pr Stalder. Ces structures reconnues, qui intègrent des médecins hospitaliers et libéraux, participent au développement de nouveaux outils et de formation pour le personnel soignant, médecins, infirmières, psychologues… ».
Approche individuelle et plurielle
Les programmes d’éducation thérapeutique s’adressent avant tout aux patients en échec thérapeutique ou en détresse, avec une qualité de vie très perturbée. En pratique, deux approches sont proposées: une approche individuelle en consultation, permettant d’aboutir à une alliance thérapeutique entre le dermatologue et son patient; une approche plurielle, la plus reconnue par les pouvoirs publics, fondée sur la dynamique de pairs. Au cours de sessions de deux fois trois heures ou trois fois deux heures, construites de la même façon dans toutes les structures, les patients peuvent s’exprimer et s’enrichir de l’expérience des autres.
Dans un premier temps ont été définies les bonnes pratiques et les bonnes méthodes, qui ont donc été labellisées. L’étape suivante, en cours, vise à évaluer ces méthodes pour retenir les plus efficientes. Un programme hospitalier de recherche clinique évalue actuellement un programme d’éducation par les infirmières pour les enfants souffrant de dermatite atopique.
Parallèlement, le GET développe des outils d’auto-évaluation, qui constituent une base de dialogue avec le médecin. « Cette approche centrée sur le patient est une source d’amélioration de la qualité des soins, sans perte de temps pour les soignants », conclut le Pr Jean-François Stalder.
D’après un entretien avec le Pr Jean-François Stalder, CHU Nantes
Pour en savoir plus : http://www.edudermatologie.com/
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