DCCT (Diabetes Control and Complications Trial) est une étude d’intervention de grande envergure, la plus importante dans le domaine des complications diabétiques. Initiée en 1983, elle a impliqué 1 441 patients atteints d’un diabète de type 1 dans 29 centres au Canada et aux États-Unis. On distingue deux phases dans le suivi de la cohorte : une phase randomisée avec un groupe sous insulinothérapie intensive (avec l’objectif d’une HbA1c à 7 %) versus un groupe sous traitement conventionnel (avec l’objectif d’une HbA1c à 9 %). Les premiers résultats rapportés en 1993 indiquaient clairement que le traitement intensif avec diminution de l’HbA1c de 9 à 7 % en moyenne réduisait significativement la prévalence des lésions oculaires (80 %) et également, mais à un moindre degré, celle des néphropathies et des neuropathies. Sur la base de ces résultats, les investigateurs décidèrent de continuer à suivre ces patients dans le cadre de l’étude EDIC (Epidemiology of Diabetes Interventions and Complications) pendant 20 ans alors même que le niveau d’HbA1c était comparable dans les deux groupes, autour de 8 %.
Aujourd’hui, on peut constater que l’insulinothérapie intensive a réduit les rétinopathies sévères et le recours à la chirurgie oculaire de 50 %, le risque de développer une insuffisance rénale de 50 % également et les accidents cardiovasculaires de 50 % (1). Sans compter la réduction d’autres complications, comme la cheiroarthropathie ou encore la baisse de la libido.
Il est exceptionnel de pouvoir comparer deux groupes qui ont 30 ans d’équilibre derrière eux. « On aurait pu croire, note le Pr Charles Thivolet, que le groupe d’intervention des dix premières années s’aggrave et retrouve un taux de complications équivalent au groupe conventionnel du début avec un équilibre glycémique comparable. Pas du tout ! ». En effet, le groupe d’intervention a gardé un différentiel avec le groupe conventionnel sur la prévalence des complications.
Réflexions.
Ces résultats vont-ils changer les modalités de prise en charge du diabète de type 1 ? Car si la prévention des complications est plus efficace en cas de traitement précoce, il serait logique de recourir d’emblée au traitement intensif dès la découverte du diabète. Faut-il déplacer le curseur de l’HbA1c vers le bas (actuellement la moyenne française pour les diabétiques de type 1 est à 8,2 %) ? Existe-t-il des caractères épigénétiques associés à une survenue plus ou moins précoce des complications ? « On ne comprend pas pourquoi, souligne C. Thivolet, comme le montrent certaines études américaines, certains patients porteurs d’un DT1 ne présentent pas de complications au bout de 50 années de maladie. On ne sait toujours pas pourquoi après 20 ans d’équilibre il existe toujours une différence entre les deux groupes dans l’étude DCCT/EDIC. Certaines personnes sont-elles protégées par une modulation ou une modification de leur génome ? Tout ceci reste à découvrir et les perspectives scientifiques s’avèrent passionnantes. »
Entretien avec le Pr Charles Thivolet (Service d’endocrinologie-diabétologie-maladies de la nutrition, centre hospitalier Lyon-Sud)
(1) Major Long-Term Benefits of Intensive Therapy for Type 1 Diabetes : Study Reports Near-Normal Glucose Levels Lead to Large Reductions in Kidney, Heart, Severe Eye Diseases and Stroke.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024