Voilà une nouvelle qui risque de donner à certains le tournis. Alors que plusieurs études dans le passé ont suggéré un lien entre surpoids et démence, une nouvelle analyse suggère le contraire : plus l’IMC est élevé, plus le risque de démence diminue. Aux dires des auteurs, il s’agirait de la plus grande analyse épidémiologique ayant exploré le lien entre indice de masse corporel et démence, à ce jour.
Les résultats, publiés dans le prestigieux « The Lancet Diabetes and Endocrinology », reposent sur l’analyse des dossiers médicaux de presque 2 millions de Britanniques, âgés de 55 ans en moyenne à l’entrée de l’étude, sans signe de démence, et avec un IMC médian de 26,5 kg/m2 – un léger surpoids en moyenne donc.
Le surpoids protège et la maigreur accroît le risque
L’équipe de la London School of Hygiene and Tropical Medicine a suivi cette population pendant 9 ans en moyenne, et jusqu’à presque 20 ans pour certains. Au cours de cette période, presque 50 000 participants ont été diagnostiqués comme souffrant de démence, et les observations des chercheurs sont sans appel : le risque de démence était inversement proportionnel à l’IMC, et cette tendance reste pertinente même après l’ajustement des variables comme l’alcool ou le tabac – facteurs qui peuvent augmenter les risques de démence. Leurs analyses montrent que les personnes atteintes d’obésité morbide (avec un IMC supérieur à 40 kg/m2) avaient un risque de démence diminué de 29 % par rapport aux personnes de poids « normal », selon la définition internationale – c’est-à-dire un IMC situé entre 20 et 25 kg/m2. Et pour enfoncer le clou : les personnes avec un IMC inférieur à 20 kg/m2, elles, avaient un risque accru de démence de 24 %.
Des spécialistes perplexes
Ces résultats peuvent laisser perplexes, reconnaît le Dr Nawab Quizilbash, premier auteur de l’étude, qui note : « Si effectivement le surpoids à l’âge adulte protège contre la démence, les raisons ne sont pas claires. De nombreux facteurs pourraient jouer un rôle, tels que le régime alimentaire, l’activité physique, la fragilité, les facteurs génétiques ou les modifications du poids ».
Dans un commentaire accompagnant l’étude, le Pr Deborah Gustafson, de New York, reste sceptique, rappelant la littérature sur le sujet est équivoque et que ce n’est certainement pas le dernier épisode de cette controverse. Ce d’autant que le surpoids reste associé à bien d’autres risques, qui semblent pour leur part bien établis : cardiovasculaires, métaboliques, cancérogènes...
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