Après une évaluation rigoureuse, la plupart des nodules thyroïdiens sont considérés comme sans conséquence clinique et peuvent être surveillés. Cependant, s’ils deviennent compressifs, toxiques, ou impliqués par un carcinome papillaire de la thyroïde, la chirurgie ou, en cas de toxicité, l’iode radioactif (Ira), sont les traitements de référence. Mais ils peuvent tous deux entraîner une hypothyroïdie et d’autres résultats indésirables (cicatrice, dysphonie, autres effets secondaires de l’Ira).
Bien conduite, la surveillance peut être utilisée initialement pour les microcarcinomes papillaires de la thyroïde (PTMC), cependant l’anxiété conduit de nombreux cas à une intervention chirurgicale ultérieure. D’autres thérapies ablatives ont ainsi été envisagées ces dernières années, visant à éviter ces inconvénients.
La discussion porte ici sur quatre cas de lésions thyroïdiennes préoccupantes (symptômes compressifs, thyrotoxicose, anxiété avec surveillance active de PTMC). Leur dénominateur commun est la tentative de préserver la fonction thyroïdienne, en utilisant des techniques d’injection percutanée d’éthanol et l’ablation thermique (celle par radiofréquence étant la plus courante). Ces approches sont comparées avec l’attitude standard, en discutant de tous les aspects liés à l’utilisation de ces thérapies, et de leurs effets secondaires.
Il se dégage que l’ablation thermique, en particulier par la radiofréquence, représente en puissance une option intéressante pour la prise en charge d’un sous-groupe de nodules thyroïdiens solides, tandis que l’injection percutanée d’éthanol joue un rôle dans la prise en charge des kystes thyroïdiens et d’un groupe restreint de carcinomes papillaires.
Ces alternatives à la chirurgie sont en cours d’évaluation pour être inscrites dans les futurs algorithmes de prise en charge des nodules thyroïdiens.
De nombreux gestes inutiles
Selon le type de matériel échographique, la compétence du praticien et les populations, jusqu’à 50 % des sujets tout-venant présentent un nodule thyroïdien. Tous ne sont pas à opérer mais même, après recours à des examens complémentaires, dont la cytoponction à l’aiguille fine, bien des situations demeurent délicates, conduisant à la chirurgie. On a vu, depuis des années, que le nombre de ces gestes chirurgicaux dans le monde a crû de manière considérable… et préoccupante, car beaucoup s’avèrent inutiles et exposent à des séquelles. En somme, disposer d’alternatives non ou très peu invasives, qui ne demandent que quelques minutes à une heure représente une perspective particulièrement attractive.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
Stan MN, Papaleontiou M, Schmitz JJ, Castro MR. Nonsurgical management of thyroid nodules: the role of ablative therapies. J Clin Endocrinol Metab. 2022 Apr 19;107(5):1417-1430. doi: 10.1210/clinem/dgab917
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