Pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, fortes tensions sur les marchés de l’énergie et de l’alimentation, envolée des prix, inflation… L’actualité sanitaire, économique et géopolitique accentue l’insécurité alimentaire aux quatre coins de la planète, y compris en France, où les populations à bas revenus sont directement affectées.
Avec son groupe de travail « Solidarités et précarités alimentaires », le Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS) s’intéresse à ces questions depuis plusieurs années. « De plus en plus de personnes ont un besoin vital d’aide alimentaire et les défis sont nombreux », pointe le fonds. En juin dernier, il a organisé une conférence pour faire le point sur le système actuel d’aide alimentaire et les dispositifs qui pourraient l’améliorer.
Précarité en hausse
« L’actualité de ces derniers mois a renforcé la précarité des personnes vulnérables, d’autant plus que la situation était déjà très tendue avec la pandémie de Covid-19, détaille Virginie Lasserre, directrice générale de la cohésion sociale (DGCS). La crise sanitaire a rendu visible et aggravé le phénomène de précarité alimentaire. Cette période a également été marquée par l’apparition de nouveaux profils de personnes ayant recours à l’aide alimentaire. »
L’action publique associée à l’aide alimentaire se décline à deux niveaux (européen et national) ; il s’agit d’une politique interministérielle pilotée par la DGCS. Son objectif : sécuriser quantitativement et qualitativement l’accès aux denrées de personnes en situation de vulnérabilité économique ou sociale. « Si notre système d’aide alimentaire reste marqué par une forte dépendance aux dons et denrées financées par les fonds européens, les acteurs de la lutte contre la précarité alimentaire sont engagés dans un processus de transformation, souligne Virginie Lasserre. Il s’agit de permettre l’accès à une alimentation favorable à la dignité des personnes, à leur santé et à leur préservation de l’environnement. » Le système d’aide alimentaire doit désormais proposer une pluralité de formes d’accès à l’alimentation pour répondre à la diversité des besoins des publics concernés.
Modalités d’intervention
Lors de la conférence du FFAS, scientifiques, acteurs associatifs et représentants des pouvoirs publics ont partagé leurs retours d’expérience sur les dispositifs territoriaux et modalités d’intervention, comme la restauration scolaire et les chèques alimentaires. Malgré des disparités, la restauration scolaire permet globalement d’accéder à une alimentation de bonne qualité nutritionnelle. Au-delà du prix, certains freins (présence d’un parent au domicile, proximité entre l’établissement scolaire et le domicile, régimes particuliers…) restent toutefois difficiles à lever pour que tous les enfants puissent en bénéficier.
Une autre piste concerne la nature des aliments achetés par les populations en situation de précarité : des chèques alimentaires dont le montant est fléché pour l’achat de fruits et légumes frais et légumes secs. Cependant, pour que ce dispositif ait un effet positif, il faut proposer un accompagnement social en parallèle. Or celui-ci est souvent compliqué à mettre en œuvre. Il faut aussi éviter la stigmatisation, tout en s’assurant que le caractère périssable des denrées ne devienne pas une difficulté supplémentaire pour les bénéficiaires… Ce sont de réels défis.
Continuer à expérimenter pour transformer le système d’aide alimentaire demeure donc essentiel. De quoi poursuivre la dynamique, nourrir les réflexions et faire émerger de nouvelles actions, dans une actualité instable.
Exergue « La crise sanitaire a rendu visible et aggravé les vulnérabilités »
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