Diabète de type 2 chez l’enfant obèse

Mythe ou réalité ?

Publié le 04/12/2012
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PAR LE Pr PASCAL BARAT*

L’INCIDENCE du diabète de type 1 (DT1) est en constante progression et concerne des enfants de plus en plus jeunes. Le diabète de type 2 (DT2) de l’enfant reste minoritaire. Lorsqu’il est diagnostiqué, c’est le plus souvent à l’adolescence dans un contexte d’obésité et d’antécédent familiaux de diabète.

Contrairement au DT1 de l’enfant dont l’épidémiologie est particulièrement bien suivie dans un très grand nombre de pays, peu d’informations épidémiologiques sont disponibles sur le DT2 de l’enfant. Aux États-Unis, pays où l’épidémie d’obésité s’est fortement développée, le DT2 représente moins de 5 % des diabètes chez les enfants d’origine européenne. Cependant, la proportion de DT2 par rapport à l’ensemble des nouveaux cas de diabète varie très fortement en fonction de l’origine ethnique. Par ordre décroissant, les enfants les plus concernés sont ceux d’origine amérindienne puis africaine, asiatique, hispanique et européenne. Ainsi, le DT2 représente plus de 50 % des diagnostics de diabète chez les 10-14 ans d’origine amérindienne, africaine ou asiatique (1). Peu de données existent en Europe sur la proportion de diagnostic de DT2 par rapport à l’ensemble des diabètes. Une étude britannique retrouve 1 % de diagnostics de DT2 chez les enfants d’origine européenne. Ce taux s’élève à 10 % chez les enfants diabétiques d’origine asiatique (2).

L’épidémie mondiale d’obésité touche aussi la France.

Plus de 16 % des enfants de plus de 10 ans sont en surpoids et plus de 3 % d’entre eux présentent une obésité. Cependant, la France semble très peu affectée par le DT2 de l’enfant. Une seule étude hospitalière rapporte la proportion de DT2 diagnostiqués au sein de la cohorte de patients accueillis dans un service d’endocrinologie pédiatrique. De 1993 à 1998, sur 382 diagnostics de diabète, seulement quatre patients (1 %) correspondaient aux critères de DT2. En 2001, la proportion de DT2 diagnostiqués par la même équipe s’élevait à 5 % (3). Notre expérience au sein des réseaux de prise en charge et de prévention de l’obésité (REPPOP) confirme la faible incidence du diabète chez l’enfant obèse, bien que le constat d’un certain degré d’insulinorésistance soit régulier chez les enfants les plus obèses.

La faible incidence du DT2 chez l’enfant en France comparativement aux États-Unis pourrait s’expliquer par la composition ethnique des deux populations. En France, une attention particulière devrait se porter sur les enfants obèses vivant dans les DOM-TOM car l’incidence du DT2 y a été décrite comme nettement plus élevée chez les adultes qu’en métropole (4). Enfin, la détection des DT2 chez l’enfant est essentielle en termes de santé publique, dans la mesure où il est alors souvent associé à d’autres facteurs de risque cardio-vasculaire au moment du diagnostic (5).

* Endocrinologie pédiatrique, CHU de Bordeaux

(1) Dabelea D, Bell RA, D’Agostino RB, et coll. Incidence of diabetes in youth in the United States. JAMA 2007;297(24):2716-24.

(2) McKinney PA, Feltbower RG, Stephenson CR, et coll. Children and young people with diabetes in Yorkshire: a population-based clinical audit of patient data 2005/2006. Diabet Med 2008;25(11):1276-82.

(3) Czernichow P, Tubiana-Rufi N. Emergence of type 2 diabetes in French children. Bull Acad Natl Med 2004;188(8):1443-51; discussion 1451-3.

(4) Papoz L. Le diabète de type 2 dans les DOM-TOM : un effet pervers de la modernité. BEH 2002;20-21:89-90.

(5) Aanstoot HJ, Anderson BJ, Daneman D, et coll. The global burden of youth diabetes: perspectives and potential. Pediatr Diabetes 2007;8 Suppl 8:1-44.


Source : Bilan spécialistes