Encore trop de diabétiques de type 2 ne sont pas aux objectifs recommandés pour les facteurs de risque cardiovasculaire. Seuls 5 % sont au triple objectif de la HAS : HbA1c, PA et LDLc. Telle est la conclusion nette et sans appel de l’analyse transversale du registre SURCOUF, un registre regroupant plus de 5 000 diabétiques de type 2 de l’Ouest de la France recrutés entre février 2011 et septembre 2013, en partenariat entre médecins hospitaliers et libéraux.
Ces sujets, dont 60 % d’hommes, de 64 ans d’âge moyen, diabétiques depuis 13 ans avec un IMC moyen à 31 kg/m2, ont souvent des facteurs de risque cardiovasculaire. Notamment une dyslipidémie (70 %), une hypertension artérielle (70 %), ou un tabagisme (9 %). Nombre d’entre eux ont déjà des complications microvasculaires : rétinopathie diabétique non proliférative (5 %), proliférative ou œdème maculaire (3 %) ; microalbuminurie pathologique (13 %) ; insuffisance rénale légère (38 %), modérée (14 %), sévère ou terminale (3 %) ; neuropathie (13 %), plaie de pied (3 %), amputation de membre inférieur (2 %). Les complications macrovasculaires ne font pas plus défaut : cardiopathie ischémique (18 %), pathologie vasculaire cérébrale (5 %), AOMI (9 %).
Néanmoins, très peu de patients sont aux cibles recommandées. Seul un tiers a une HbA1c inférieure à 7 %. Guère plus de 60 % une PA ‹ 140/80 mmHg, dont un quart sans aucun traitement antihypertenseur et un tiers sans ARAII ou IEC. Enfin, dans le très haut risque cardiovasculaire, seuls 20 % des patients ont un LDLc ‹ 0,7 g/l et dans le haut risque, guère plus de 40 % un LDLc ‹ 1 g/l. Parmi ceux qui ne sont pas aux cibles de LDLc, les statines sont absentes du traitement respectivement dans 40 % des cas dans le très haut risque et 75 % dans le haut risque. Enfin, un quart des sujets ayant un antécédent cardiovasculaire documenté n’ont aucun antiagrégant plaquettaire.
« Ces données mettent en évidence un sous-traitement manifeste des facteurs de risque cardiovasculaire des diabétiques. Côté lipides, le traitement doit être intensifié chez une majorité de patients si l’on se réfère aux recommandations européennes. Plus surprenante encore est l’absence de traitement antiagrégant plaquettaire chez un diabétique sur quatre en prévention secondaire, souligne le Pr Fabrice Bonnet (Rennes). Certes, en prévention primaire le rapport bénéfice/risque est restreint au très haut risque. Et l’on était sûrement pendant un temps allé trop loin, pensant bien faire. De nombreux diabétiques sans antécédent ni très haut risque étaient sous aspirine, on en est revenu. Peut-être assiste-t-on aujourd’hui à un retour de bâton. Mais attention, pour rappel, en prévention secondaire, sauf contre-indication ou patient par ailleurs sous AVK, un antiagrégant s’impose ».
Entretien avec le Pr Fabrice Bonnet, Rennes.
PO4 et P96. Fuentes Zamorano N et al.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024