DE NOTRE CORRESPONDANTE
L’ÉTAT DE CHOC, qui peut être secondaire à une infection grave, une hémorragie, un infarctus du myocarde, ou un polytraumatisme, entraîne une défaillance multi-organique rapide associée à un état inflammatoire et constitue la première cause de mortalité dans les unités de soins intensifs.
Le mécanisme sous-jacent reste inconnu et il n’existe aucun traitement hormis le soulagement des symptômes. La plupart des chercheurs conviennent que l’intestin joue un rôle central dans l’état de choc qui survient lorsque la barrière muqueuse du grêle devient perméable : par hypoperfusion, perforation (appendicite), ou de dégradation par des endotoxines bactériennes.
Des travaux de l’équipe du Dr Geert Schmid-Schönbein (San Diego) ont suggéré que les puissantes enzymes digestives produites dans le pancréas et transportées dans la lumière intestinale pourraient fuir à travers la barrière muqueuse, digérer alors le tissu dans un processus dit d’autodigestion, et générer une inflammation systémique et la défaillance multi-organe.
Dans cette nouvelle étude, l’equipe américaine a examiné si l’inhibition de ces enzymes pouvait réduire la mortalité par choc chez le rat. Ils ont étudié trois types de chocs expérimentaux hémorragique, septique (péritonite), et endotoxique. Ils ont évalué 3 inhibiteurs différents d’enzymes pancréatiques - l’ANGD, l’aprotinine et l’acide tranexamique (déjà utilisé en clinique pour son activité antifibribolytique dans les saignements excessifs).
Une heure après l’induction du choc chez les rats, l’un des 3 inhibiteurs de protéase a été administré directement dans la lumière de l’intestin.
Résultat, quel que soit le type de choc, le traitement antiprotéase (lorsqu’il est administré dans l’intestin grêle mais pas en intraveineux) atténue la fuite des enzymes digestives dans la paroi intestinale et l’autodigestion consécutive, ainsi que les lésions de l’intestin, des poumons et du cœur. Les animaux traités ont un taux de survie à 3 mois bien plus élevé (86 % au lieu de 16 %), et ceux qui survivent récupèrent complètement et retrouvent leur poids 14 jours après le choc.
Confirmation chez l’homme.
"Ces résultats indiquent que les enzymes digestives plutôt que les bactéries comme l’on pensait auparavant, sont directement impliquées dans la défaillance multi-organe ", explique au Quotidien le Dr Schmid-Schönbein. "Pour minimiser l’autodigestion, il est nécessaire de bloquer les enzymes digestives dans la lumière intestinale jusqu’à ce que la barrière muqueuse soit réparée sous alimentation parentérale". Ces résultats, bien que prometteurs chez le rat, doivent être confirmés chez l’homme.
Les chercheurs ont déjà traité avec succès un premier patient en choc septique qui présentait une gangrène 4 ans après une greffe cardiaque.
Ils ont maintenant débuté une étude de phase 2 évaluant l’acide tranexamique administré par sonde nasogastrique.
DeLano et coll., Science Translational Medicine, 23 janvier 2013.
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