Les gastroentérites sévères figurent à la deuxième place du palmarès mondial des maladies infectieuses, avec 1,45 million de morts chaque année, selon les données de la Global Burden of Disease Study. Ce constat est particulièrement vrai en Afrique et en Asie du Sud-Est où 25 % des décès de très jeunes enfants sont imputables à cette pathologie.
Dans le cadre d’une étude plus large sur les maladies infantiles demandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Sharia Ahmed des Centers for disease control and prevention d’Atlanta, et ses collègues, ont tenté d’estimer la part exacte des norovirus dans les gastroentérites à l’échelle mondiale. Si l’on soupçonne depuis longtemps les norovirus d’être une des causes majeurs de gastroentérites, leur prévalence demeurait mal connue, surtout dans les pays à faibles revenus.
Une prévalence globale de 18 %
Dans leur méta-analyse publiée dans le « Lancet Infectious Diseases », les auteurs se sont concentrés sur les études qui s’appuyaient sur une analyse PCR afin de déterminer la prévalence des infections par le norovirus parmi les patients souffrant de gastroentérite aiguë. Les études sélectionnées devaient également avoir été menées en continue pendant au moins un an sur une zone géographique bien précise. En dépit de leurs critères assez stricts, ils sont parvenus à rassembler 175 études pour un total de 187 336 patients répartis dans 48 pays. Les norovirus étaient détectés dans 18 % des cas de gastroentérites aiguës. La prévalence la plus importante était celle observée chez les patients souffrant de gastroentérites prises en charge par la médecine de ville, dont elle représentait 24 % des pathogènes responsables. Les norovirus étaient également à l’origine de 20 % gastroentérites traitées en ambulatoire et de 17 % de celles qui ont nécessité une hospitalisation. « Cela soutient l’idée que les norovirus sont plus fréquents dans les cas de gastroentérites aiguës mais de gravités modérées », estiment les auteurs.
La concurrence des infections bactériennes
Du point de vue de la répartition géographique les prévalences étaient comparables dans les pays développés et en développement où les gastroentérites sont peu mortelles : respectivement 19 % et 20 %. Elle était en revanche plus faible dans les pays en développement ou la mortalité associée aux gastroentérites aiguë était plus élevée, avec une prévalence de 14 %. Cette différence n’était pas statistiquement significative et trouve son explication, selon les auteurs, dans l’explosion des gastroentérites d’origines bactériennes. D’autre part, la prévalence du norovirus n’a pas été affectée par l’apparition de nouvelles souches, puisqu’elle n’a que peu évolué entre 2002 et 2007.
Enfin, les études réalisées lors d’une pandémie ne présentaient pas des résultats significativement différents de celles faites dans un contexte normal. Les auteurs notent également que quelques études ont montré une prévalence des norovirus de l’ordre de 7 % dans des groupes contrôles sains. « Il serait intéressant de savoir dans quelle mesure ces porteurs sains participent à la circulation du virus », se sont interrogés Ulrich Desselberger et Ian Goodfellow, de l’université de Cambridge, dans un édito associé à la méta-analyse.
Des difficultés diagnostiques qui s’aplanissent
« Les norovirus sont une famille de pathogènes clés, à la fois à l’origine de gastroentérites modérées et sévères », concluent les auteurs, qui rappellent qu’ils ne figurent pas dans les études sur les poids respectifs des différents pathogènes, en partie à cause des difficultés de diagnostic. « Ces difficultés ont été en grande partie levées » rappellent Ian Goodfellow et Ulrich Desselberger dans leur édito, « et le développement de vaccins pourrait bien être à portée de main. Les recherches épidémiologiques sur les interactions entre ce virus et son hôte, son épidémiologie et son évolution n’en sont que plus importantes », plaident-ils.
Sharia Ahmed et al, Global prevalence of norovirus in cases of gastrœnteritis : a systematic review and meta-analysis, The Lancet Infectious Diseases, publication en ligne du 27 juin 2014
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