Nouveaux traitements de l’hépatite C

Les prix participent aux conditions d’une stratégie d’éradication

Publié le 29/09/2014
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De l’avis du médecin, le Pr Stanislas Pol, chef du service d’hépatologie de l’hôpital Cochin, la guérison universelle de l’hépatite C est presque à portée de main, grâce aux nouveaux traitements de l’hépatite C - notamment l’association du siméprévir et du sofosbuvir. Une avancée capitale, eu égard à la gravité de la maladie, responsable d’une surmortalité hépatique et extra-hépatique.

Les avantages des nouvelles molécules sont nombreux. Selon le Pr Pol, on peut espérer « une amélioration de la qualité de vie, l’absence de progression puis la régression de la fibrose, la diminution des complications hépatiques et extra-hépatiques, l’annulation des risques de transmission, et des bénéfices à long terme pour la société et l’individu ».

Plaidoyer pour une stratégie globale

« L’opportunité de ces bénéfices doit être ouverte à tous - et à toutes les formes du VHC », insiste l’hépatologue interniste. « D’après l’étude de H. Leleu, on peut diminuer la prévalence des hépatites chroniques en 10 ans de 90 %, si on augmente le nombre de patients traités et si on adopte une stratégie globale sans distinction selon les fibroses », enchérit Gérard de Pouvourville, titulaire de la chaire Essec Santé.

Mais plusieurs freins existent, à commencer par l’insuffisance du dépistage et les difficultés d’accès aux soins et aux traitements. « Selon l’article 48 de la loi de financement de la sécurité sociale, on ne peut pas utiliser les produits tant que le prix n’est pas fixé par le comité économique des produits de santé (CEPS). Nous pouvons seulement les prescrire aux patients prioritaires avec des fibroses de stade 3 ou 4 (F3 ou F4) », indique le Pr Pol.

Rentabilité collective

Le prix des nouveaux traitements n’a pas encore été négocié entre industriels et pouvoirs publics, mais « quand on connaît les prix sous autorisation temporaire d’utilisation (ATU), cela fait frémir », lance Gérard de Pouvourville. Selon l’économiste, le surcoût budgétaire s’élèverait entre 1,35 milliard d’euros et 1,62 milliard si tous les patients étaient traités par l’association sofosbuvir et siméprévir.

Plusieurs éléments devront être pris en compte dans la négociation du prix. « On ne peut pas prendre pour acquis le fait que les prix des laboratoires soient intangibles », avance prudemment Gérard de Pouvourville. Doivent entrer dans les discussions la taille du réservoir de patients à traiter et la capacité de prise en charge dans les centres de traitement, des données encore mal-renseignées.

L’économiste insiste aussi sur la nécessité d’étaler cette dépense dans le temps pour absorber le choc budgétaire, en fixant des priorités (traiter d’abord les patients F2 et plus, comme le recommande la Haute autorité de santé). Ces ingrédients réunis, et sous réserve d’une révision à la baisse des prix ATU, « une stratégie d’éradication présente une rentabilité collective de même niveau que celle d’un autre programme accepté de vaccination, tel que celui contre le papillomavirus (HPV) », estime l’économiste, sans nier les problèmes à court terme, notamment liés aux économies à réaliser ailleurs.

C. G.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9352