Des modifications des promoteurs des gènes impliqués dans la protection contre le stress oxydatif, dans le guidage axonal et la réponse inflammatoire ont été mises en évidence dans le déclenchement d'un épisode psychotique. Ces conclusions, publiées le 26 avril dans la revue « Molecular Psychiatry » émanent d'une recherche française associant l’université Paris-Descartes, l'INSERM et le Centre hospitalier Sainte-Anne. L'étude, dirigée par le Pr Marie-Odile Krebs, portait sur les modifications du profil de méthylation (mesuré grâce à un prélèvement sanguin) de jeunes sujets à risque (cohorte ICAAR), âgés de 15 à 25 ans, suivis sur une durée d’un an. Elle a été menée chez 39 sujets dont 14 ont développé une transition psychotique dans l'année qui a suivi leur entrée dans la cohorte.
Avant et après l'émergence de la psychose
Les analyses ont porté sur plus de 400 000 sites de méthylation, répartis sur l’ensemble du génome. Elles ont intégré à la fois la dimension temporelle (comparaison avant et après l’émergence de la psychose) mais ont également nécessité de constituer un groupe contrôle adapté (composé de jeunes ayant sollicité des soins et/ou une aide psychologique mais n’atteignant pas les critères de sujets à risque). Dès l’entrée dans le suivi, les personnes qui vont développer une psychose présentent une hyperméthylation du promoteur du gène GSTM52. Au cours du suivi, on observe une hypométhylation du promoteur du gène GSTT1 et une hyperméthylation du gène GSTP1. Trois gènes qui protègent du stress oxydatif. D’autres modifications significatives ont en outre été constatées au niveau de gènes liés à l’inflammation et au guidage axonal des neurones.
Une voie pour un dépistage précoce et des thérapeutiques ciblées
Les troubles psychotiques touchent préférentiellement une population jeune avec un retentissement social majeur. Plusieurs années avant le déclenchement d’un épisode psychotique, certains outils d’évaluation permettent de définir des critères « d’état mental à risque ». Environ un tiers des personnes ayant un « état mental à risque » développeront un trouble psychotique dans un délai de trois ans. Comprendre les mécanismes physiopathologiques accompagnant cette évolution permet de mieux définir des stratégies de suivi et d’interventions thérapeutiques.
Jusque-là, les perturbations de la sécrétion de la dopamine au niveau cérébral étaient la principale explication physiopathologique de la psychose. Grâce à ces nouvelles données, son émergence pourrait être reliée à un stress inflammatoire ou oxydatif rompant l'équilibre homéostatique déjà fragilisé par une vulnérabilité génétique, environnementale ou neuro-développementale. Ces résultats pourraient, selon leurs auteurs, ouvrir la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à prévenir la conversion psychotique et au développement de tests de détection précoce (sous forme de prélèvements sanguins, par exemple) chez les populations à risque.
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