La suspicion d’un retard de croissance intra-utérin (RCIU) pendant la grossesse chez les bébés petits pour l’âge gestationnel (PAG) (poids de naissance inférieur au 10e percentile) serait faible en France, malgré l’échographie du 3e trimestre de grossesse, selon une étude observationnelle réalisée dans l’équipe de recherche en épidémiologie périnatale, obstétricale et pédiatrique (EPOPé), par Jennifer Zeitlin, directrice de recherche INSERM. Les résultats ont été publiés dans le journal « BJOG : An international Journal of Obstetrics and Gynaecology ».
Seulement 21 % des enfants avaient été suspectés d’un RCIU
L’objectif de l’étude était « d’estimer le pourcentage d’enfants pour lesquels un RCIU avait été suspecté en anténatal et de mesurer l’effet de cette suspicion sur les décisions médicales prises, en analysant un échantillon représentatif de naissances en France en 2010 », soulignent les chercheurs. L’échantillon composé de 14 000 femmes provient de l’enquête nationale périnatale, mise en place par le ministère de Santé en 2010. « Nous avons croisé deux informations à partir des informations fournies par les dossiers médicaux : le poids du bébé à la naissance et si l’enfant avait été suspecté d’un RCIU pendant la grossesse », explique au « Quotidien » Jennifer Zeitlin. La difficulté c’est que la PAG n’est pas synonyme de RCIU.
Les résultats de l’étude montrent que parmi les enfants nés avec un faible poids à la naissance (inférieur au 10e percentile pour l’âge gestationnel), 21 % avaient été suspectés d’un RCIU pendant la grossesse. « Il existe quelques études dans d’autres pays qui ont également trouvé des taux de dépistage faibles, mais ces pays n’ont pas, comme la France, une pratique systématique d’une 3e échographie pour contrôler la croissance fœtale ou détecter des malformations qu’on n’aurait pas vues aux précédentes échographies », indique Jennifer Zeitlin.
La difficulté de dépister le RCIU et les cas de faux positifs
Une autre observation de cette étude révèle que la moitié des enfants présentant une suspicion de RCIU étaient des faux positifs et étaient nés avec un poids normal à la naissance (ou en tout cas au-dessus du 10e percentile…). Or la « suspicion anténatale d’un RCIU est associée à l’augmentation de la probabilité d’avoir une césarienne programmée avant travail ou un déclenchement du travail, indépendamment de l’existence ou non d’un faible poids à la naissance », notent les auteurs. La difficulté du dépistage du RCIU est de savoir si ces enfants PAG, le sont constitutionnellement (des parents petits qui justifient une courbe de croissance attendue, au 10e percentile par exemple) ou s’ils sont en restriction de croissance en raison d’un événement intercurrent, le véritable RCIU (un phénomène dynamique, quand les enfants décrochent du 90e percentile au 10e percentile par exemple).
« Les résultats de cette étude soulignent la nécessité de mener une réflexion, bien qu’elle ait déjà été amorcée par le Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF) qui a publié les recommandations pour la pratique clinique en 2013, autour des raisons de la faible performance du dépistage du RCIU en France. Ils questionnent également sur le risque de réaliser des interventions médicales non justifiées, dans le cas où une suspicion de RCIU pendant la grossesse n’a pas été confirmée à la naissance », a conclu Jennifer Zeitlin.
La prochaine étape de l’équipe des chercheurs consiste à développer un outil afin de mieux dépister et suivre les problèmes de croissance.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024