Dans l’essai multicentrique, le Dr Laura Magee du BC women’s hospital & health centre de Vancouver, et ses collègues, ont recruté 987 femmes enceintes hypertendues, lors de leur 14e semaine de grossesse.
Les patientes présentaient toutes une hypertension modérée sans protéinurie, caractérisée par une pression diastolique comprise entre 90 et 105 mm Hg et une pression systolique inférieure à 160 mm Hg. Dans 74,6 % des cas, les patientes souffraient déjà d’hypertension avant leur grossesse. Ces femmes ont été aléatoirement réparties entre deux groupes, un premier où l’objectif tensionnel sous traitement était de 100 mm Hg et un second groupe avec un objectif plus strict : 85 mm Hg. Le choix du traitement était laissé à l’appréciation de l’équipe soignante, mais les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (ACE), les antagonistes du récepteur de l’angiotensine II (ARA II), les inhibiteurs de la rénine et l’aténolol n’étaient pas autorisés.
L’objectif tensionnel n’affecte pas le déroulement des grossesses
Un traitement antihypertenseur était prescrit plus fréquemment dans le groupe ayant l’objectif tensionnel le plus sévère : 92,6 % contre 78,3 %. Le critère primaire d’évaluation était un composite de mort du bébé ou du fœtus, et d’admission du nouveau né en unité de soins intensifs néonatals pendant plus de 48 heures au cours des 28 premiers jours de vie. Le pourcentage de femmes qui perdaient leur bébé ou dont l’enfant était admis en soins intensifs n’était pas significativement différent dans les deux groupes : 31,4 % chez les patientes dont la cible était de 100 mm Hg contre 30,7 % dans le groupe mieux contrôlé. Par ailleurs, les taux de complications maternelles graves (pré-éclampsie, AVC, infarctus du myocarde…) et de césariennes étaient également similaires dans les deux groupes.
Un risque d’hypertension sévère plus important
Si un relâchement de l’objectif tensionnel ne semblait pas affecter le déroulement de la grossesse, il augmentait en revanche le risque d’aggravation de l’hypertension. Les femmes chez qui la cible thérapeutique était de 100 mm Hg avaient en effet une pression diastolique moyenne plus élevée de 4,6 mm Hg, comparée à celle de l’autre groupe. De plus, 40,6 % d’entre elles souffraient d’hypertension sévère, alors que ce n’était le cas que de 27,5 % des patientes soumises à une cible tensionnelle diastolique de 85 mm Hg.
« La cible tensionnelle chez les femmes qui font de l’hypertension non sévère est très débattue, expliquent les auteurs, nos résultats montrent qu’une cible tensionnelle élevée n’a pas d’impact significatif en termes d’accident majeur mais que ces patientes courent alors le risque d’évoluer vers une hypertension sévère. »
Laura Magee et al, Less-Tight versus Tight Control of Hypertension in Pregnancy, New England Journal of Medicine, 29 janvier 2015
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024