« Nous n’observons aucune association entre l’exposition aux anti-inflammatoires non stéroïdiens au cours du premier trimestre de la grossesse et le risque d’avortement prématuré » indiquent les auteurs d’un travail publié dans le « Canadian Medical Association Journal ».
La consommation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens vendus en OTC ne cesse de croître, utilisés pour leur effet antalgique, antipyrétique et anti-inflammatoire, sans restriction, y compris chez les femmes enceintes. Ces molécules appartiennent cependant à la longue liste des facteurs suspectés d’être à l’origine d’un surrisque d’avortements spontanés, où figurent le tabac, les malformations utérines, l’âge maternel avancé, l’hypothyroïdie, les anomalies génétiques parentales, le syndrome des ovaires polykystiques, l’obésité, les états d’hypercoagulabilité, etc.
Les auteurs israéliens qui se sont intéressés aux études discordantes sur le rôle des AINS, ont revu les données provenant de 65 457 femmes âgées de 15 à 45 ans admises au centre médical Soroka, à Be’er-Sheva, en Israël, entre janvier 2003 et décembre 2009 ; 90,1 % l’ont été pour accoucher et 10 % pour un avortement spontané ; 6,9 % des femmes (4 495) avaient été utilisatrices d’AINS au cours du premier trimestre de la grossesse : 98,4 % d’AINS (ibuprofène, au diclofénac, naproxène, étodolac, indométacine) et 1,6 % aux inhibiteurs spécifiques COX-2 (rofécoxib, célécoxib, etoricoxib).
Questions autour des coxibs
Les femmes qui avaient consommé des AINS étaient en moyenne plus âgées, plus souvent fumeuses (p = 0,04), et, de fait, présentaient plus d’inflammations chroniques. Les utilisatrices d’AINS avaient également eu plus souvent recours à la FIV (p inférieur à 0,001) que les femmes du groupe « non utilisatrices ».
Au total, 8,2 % des femmes du groupe « exposé aux AINS » ont eu une fausse couche contre 10 % de celles du groupe « non-exposé » ; chez celles qui avaient utilisé un inhibiteur spécifique de la COX2, le taux d’avortement spontané atteint 17 % mais l’augmentation du risque disparaît dans l’analyse multivariée.
Enfin, un taux plus élevé d’avortement a été observé sous indométacine, mais les auteurs admettent un biais dans la mesure où la molécule a pu être utilisée comme tocolytique dans les menaces d’accouchements prématurés et donc dans des indications différentes de celles des autres AINS.
Fetal exposure to nonsteroidal anti-inflammatory drugs and spontaneous abortions. CMAJ 2014 DOI : 10.1503/cmaj.130605
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