Quels pourraient être les contours des prochaines générations des traitements du cancer par cellules immunitaires modifiées ? Des résultats présentés lors du congrès de la Société américaine d'hématologie (ASH), qui s'est tenu à Orlando du 5 au 10 décembre, laissent entrevoir de nouvelles cibles, de nouveaux types cellulaires modifiés, voire des CAR-T cells allogéniques.
Les bispécifiques
Les CAR-T cells disposant d'une AMM (Yescarta de GIlead/Kite et Kimriah de Novartis) ciblent exclusivement CD-19. Or, les deux raisons évoquées pour expliquer la perte d'efficacité chez les patients qui ne répondent plus au traitement sont la disparition des CD-19 de la surface des cellules cancéreuses et la suractivation de la voie PD-1/PDL-1. Les investigateurs de l'essai Alexander ont donc expérimenté des CAR-T cells bispécifiques, intégrant un récepteur antigénique chimérique capable de reconnaître à la fois CD-19 et CD-22. Ils l'ont en outre associé à un anti-PD1.
Les données étaient disponibles pour les 11 premiers patients de l'étude. Quelle que soit la dose employée, les chercheurs ont observé un taux de réponse objective de plus de 50 % et un profil de sécurité très encourageant.
Une autre approche présentée lors du congrès consiste à cibler à la fois BCMA (protéine fortement exprimée par les cellules myélomateuses) et CD-38. Mises au point par Ceyllyan Therapeutics avec un financement public chinois, ces nouvelles CAR-T cells sont destinées aux 10 % de patients de très mauvais pronostic souffrant de myélome multiple avec des lésions secondaires extramédullaires. 90,9 % des 22 patients de l'étude ont répondu au traitement après une durée de suivie médiane de 36 semaines, dont plus de la moitié de réponse complète. Sur les 9 patients ayant des tumeurs extramédullaires, plus aucune lésion n'était visible.
Greffes allogéniques
L'une des limites des CAR-T cells actuelles est leur obtention, réalisée à partir de lymphocytes T autologues. Cela suggère un long délai entre l'aphérèse, la transformation des cellules du patient et leur réinjection. Le Dr Bahram Valamehr, du laboratoire Fate Therapeutics, a présenté les résultats in vivo et in vitro de lymphocytes NK allogéniques modifiées pour cibler les CD-19. Ces cellules étaient également modifiées pour exprimer CD-16 (afin d'améliorer le potentiel cytotoxique des NK) et l'interleukine 15 (pour augmenter leur prolifération et leur persistance). Le gros intérêt de ces CAR NK est leur production en série, à partir de cellules pluripotentes induites.
« Des traitements directement disponibles en pharmacie hospitalière sont très attrayants à cause de la durabilité des cellules IPS, réagit le Dr Gary Schiller, de l'université de Californie à Los Angeles. D'un point de vue clinique, je pense que l'accessibilité passe avant la tolérabilité, surtout face à des patients qui doivent être traités le plus vite possible. La balance entre disponibilité et tolérabilité doit être discutée entre patients et médecins. C'est une question compliquée ».
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