En 2013, une série de publications scientifiques mettaient le doigt sur une nouvelle stratégie de traitement du mélanome : l’utilisation de vaccins thérapeutiques personnalisés ciblant les mutations spécifiques d’un patient.
Dans un article paru aujourd’hui dans « Science », le Dr Beatriz Varreno de l’école universitaire de médecine Washington, à Saint Louis (Missouri), et ses collègues, décrivent les premiers résultats encourageant d’un tel vaccin, produit grâce à l’analyse du génome de la tumeur de trois patients.
Le but de ces vaccins est de stimuler l’activité des lymphocytes T cytotoxiques CD8+ dirigée contre les cellules tumorales. Le principe est de présenter aux cellules dendritiques un néoantigène spécifique aux cellules tumorales. Les cellules dendritiques vont à leur tour recruter et amplifier les lymphocytes T dirigés contre ces néoantigènes.
Des résultats préliminaires encourageants ont été obtenus lors d’un test mené sur trois patients déjà traités par ipilimumab (MEL21, MEL38 et MEL218). Les auteurs ont en effet observé une augmentation de la diversité des lymphocytes T et une amélioration de leurs propriétés lytiques contre les cellules tumorales.
Des néoantigènes soigneusement sélectionnés
Dans un premier temps, 7 peptides ont été sélectionnés chez chaque patient. Chacun de ces peptides était produit par un gène qui est muté dans les cellules tumorales. Parmi ces 7 candidats, les chercheurs ont déterminé, in vitro, quels étaient les trois peptides pour lesquels les lymphocytes T avaient naturellement la meilleure immunogénicité. Ce sont ces peptides soigneusement sélectionnés qui ont servi de base au vaccin.
L’augmentation de la réponse immunitaire des lymphocytes T spécifiquement dirigée contre ces antigènes était détectable deux semaines après l’injection, avec un pic observé entre la 8e et la 9e semaine.
En outre, des lymphocytes T à mémoire spécifique restent détectables jusqu’à 4 mois plus tard. Les auteurs précisent que le vaccin n’a pas provoqué de réaction auto immune. « Cette étude démontre que ces vaccins personnalisés faits sur mesure peuvent engendrer une très forte réponse immunitaire contre le cancer », souligne le Dr Gerald Linette, cancérologue de la faculté de médecine de l’université Washington à St Louis (Missouri, centre), principal auteur de l’étude.
Ces premiers résultats cliniques établissent la base pour un essai clinique de phase 1, déjà approuvé par la Food and Drug Administration (FDA). Cet essai devrait inclure six patients. Les chercheurs estiment que cette stratégie pourrait être appliquée à d’autres types de cancer même s’il est encore trop tôt, selon eux, pour affirmer que ces vaccins seraient durablement efficaces.
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