Une nouvelle classe médicamenteuse pourrait bientôt voir le jour dans l’infection pédiatrique à virus syncytial respiratoire (VRS) – les inhibiteurs de la protéine F – dont le premier représentant serait le zirésovir. Des résultats d’efficacité d’un essai randomisé de phase 3, l’étude Airflo, sont publiés dans The New England Journal of Medicine.
Les bronchiolites sont responsables de 3,6 millions d’hospitalisations pédiatriques chaque année, et de 97 200 à 124 900 décès d’enfants de moins de 5 ans dans le monde selon les estimations. Des traitements préventifs sont mis à disposition depuis peu. En France, et dans le reste de l’Europe, l’anticorps monoclonal nirsévimab (Beyfortus) est autorisé depuis octobre 2022 pour prévenir l’infection chez les nouveau-nés, avant de l’être aux États-Unis à l’été 2023. Le vaccin Abrysvo (Pfizer) peut aussi être utilisé pour immuniser un nouveau-né via la vaccination de la mère entre la 32e et la 36e semaine.
Selon les auteurs, il reste nécessaire de développer des traitements spécifiques de l’infection pédiatrique à VRS : seule la ribavirine aérosolisée est actuellement autorisée (aux États-Unis mais pas en Europe) avec une efficacité limitée et un profil de sécurité défavorable.
Des enfants âgés de 1 à 24 mois
Le zirésovir est un inhibiteur oral de la protéine F du VRS dont les études précliniques et les résultats de phase 2 ont démontré l’innocuité et le potentiel dans le traitement de l’infection à VRS. Dans cette étude de phase 3, les chercheurs du laboratoire pharmaceutique Shanghai Ark Biopharmaceutical ont inclus 244 enfants de 1 à 24 mois (âge ajusté sur une éventuelle prématurité), dont l’infection a été confirmée moins de 36 heures avant la première administration. Un tiers d’entre eux ont été affectés à un groupe placebo. Les autres ont reçu des doses comprises entre 10 et 40 mg en fonction de leur poids corporel.
L’état des patients a été évalué à l’aide d’un score clinique spécifique à la bronchiolite (le Wang Bronchiolitis Clinical Score), sur une échelle de 0 à 12 (les scores les plus élevés reflétant une plus grande sévérité). Au 3e jour de traitement, le score moyen du groupe zirésovir avait diminué de 3,4 points, et celui du groupe placebo de 2,7 points. La charge virale avait significativement plus diminué dans le groupe traité au bout de 5 jours (−2,5 log10 copies/ml contre −1,9).
Affiner la place dans la stratégie thérapeutique
Ces améliorations cliniques étaient plus sensibles dans certains groupes : les patients les plus sévères et les plus jeunes (moins de 6 mois). Aucun signal inquiétant de tolérance n’a été observé. Des événements indésirables ont été rapportés chez 16 % des patients du groupe zirésovir et 13 % de ceux du groupe placebo. Les plus fréquents d’entre eux étaient des diarrhées, une élévation des marqueurs hépatiques et un rash.
Plus embarrassant : une mutation du virus associée à une résistance au traitement a été repérée chez 9 % des patients du groupe zirésovir, mais non associée à un rebond de la virémie. Les chercheurs notent que cette mutation n’a été décrite que chez des patients ayant reçu les doses les plus élevées de zirésovir, suggérant une possible relation dose-dépendante.
« La réduction de la charge virale est retardée, ce qui est cohérent avec le mode d’action des inhibiteurs de protéine F qui empêche le virus d’entrer dans la cellule, mais n’a pas d’effet sur le virus intracellulaire », expliquent les auteurs préconisant la mise en place d’autres études pour identifier la place exacte du zirésovir dans la stratégie thérapeutique.
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