À l'occasion des Rencontres de Santé publique France (SPF) qui se sont tenues les 20 et 21 juin, l'agence sanitaire a dévoilé de nouvelles données de prévalence du Covid long. À fin 2022, plus de deux millions de personnes étaient concernées par une affection post-Covid, qui apparaît généralement dans les trois mois suivant l’infection initiale au Sars-CoV-2 et se manifeste par une altération du fonctionnement quotidien.
Cette estimation a été obtenue à partir d'un échantillon aléatoire de 10 615 personnes âgées de 18 ans et plus et résidant en France métropolitaine entre septembre et novembre 2022 (âge moyen de 50 ans, 52 % de femmes). Parmi les répondants, 55,4 % ont déclaré une infection par le Sars-CoV-2 (confirmée ou probable) ; 48,3 % ont été infectés au moins trois mois avant l'enquête.
Une première étude conduite début 2022 avait déjà montré que 30 % des répondants infectés par le Sars-CoV-2 présentaient une affection post-Covid, telle que définie par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)*, soit une prévalence de 4 % de l'ensemble de la population.
« Les limites de cette première étude, conduite selon la méthode des quotas sur un panel de volontaires (via un questionnaire en ligne), ont justifié que Santé publique France réalise une deuxième étude utilisant une méthodologie plus robuste (échantillon aléatoire) et des indicateurs plus détaillés et complets », explique l'agence. Cette nouvelle enquête permet de plus de prendre en compte les grandes vagues liées à Omicron qui se sont succédé en 2022 et qui ont touché un grand nombre d'individus.
Une diminution du risque avec Omicron
Une prévalence similaire de l'affection post-Covid de 4 % a été retrouvée dans la nouvelle enquête, ce qui correspond à 2,06 millions adultes (≥ 18 ans). Et 1,2 % des répondants ont rapporté un impact fort ou très fort de cette affection sur leurs activités quotidiennes.
En tenant compte uniquement des personnes ayant été infectées par le Covid, la prévalence de l’affection post-Covid est de 8 %. Selon SPF, cette différence avec la prévalence observée dans la première étude peut s’expliquer par l'augmentation massive du nombre de personnes infectées lors des grandes vagues Omicron et par la diminution du risque de l’affection post-Covid avec Omicron.
Les nouvelles données montrent par ailleurs un décalage avec la prévalence en population générale de 7,1 % du Covid long rapporté, ne répondant pas nécessairement aux critères de l'OMS.
Une surveillance à maintenir
L'enquête de SPF montre également une prévalence plus élevée chez les femmes (10,2 %) que chez les hommes (5,3 %). La prévalence est aussi plus élevée chez les personnes en recherche d’emploi (14,9 %) et chez les sujets ayant été hospitalisés pour Covid (18,6 %).
« Malgré la stabilisation de la prévalence fin 2022, la surveillance du Covid long et notamment de l'affection post-Covid reste toujours fortement requise dans les mois à venir », préconise SPF. Les affections post-Covid prolongée (≥ un an, 30,9 % des cas) et celles dont les symptômes ont un impact fort ou très fort sur les activités quotidiennes (30 % des individus) « représentent vraisemblablement une charge importante pour le système de soin ».
Dans un deuxième volet de l'étude, SPF va s'attacher à identifier les facteurs de risque biologiques, psychologiques, professionnels et sociaux de l'affection post-Covid et du Covid long rapporté. « Dans cette même perspective, il s’agira d’identifier les facteurs associés à la sévérité du Covid long, analysés avec des indicateurs cliniques, perceptuels (qualité de vie) et sociétaux (arrêt de travail) », précise l'agence.
*Cette dénomination répond à la définition consensuelle suivante :
1. un ou des symptômes (fatigue, toux, essoufflement, malaise après l’effort, fièvre intermittente, perte du goût ou de l’odorat, dépression, dysfonctionnement cognitif, etc.) apparaissant généralement dans les trois mois suivant l'infection initiale au Sars-CoV-2 ;
2. persistant pendant au moins deux mois ;
3. ne pouvant être expliqués par d’autres diagnostics ;
4. ayant un impact sur la vie quotidienne.
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