Les premiers résultats de la dernière enquête VESPA2, réalisée en France métropolitaine et dans les DOM, sont publiés aujourd’hui dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ». Les résultats montrent que les patients ont profité des avancées thérapeutiques et vont mieux, mais que les affections chroniques pèsent maintenant plus lourdement. Sur un plan social et économique, la situation des séropositifs reste plus difficile que celle la population générale.
L’enquête VESPA2 (VIH : Enquête sur les personnes atteintes) a été menée par deux équipes de l’INSERM (Unités 912, SESSTIM, Marseille et 1018, CESP Villejuif) et réalisée avec le soutien de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS). Les enquêtes ANRS VESPA sont réalisées auprès d’échantillons représentatifs de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) suivies à l’hôpital, en France métropolitaine et dans 4 départements d’outre mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, la Réunion) ainsi qu’à Saint-Martin. Plus de 3 000 personnes dans 68 hôpitaux métropolitains et 598 patients dans 7 hôpitaux dans les DOM ont participé. Les données ont été comparées à celles de la précédente étude de 2011.
Diagnostic reste tardif
Les résultats traduisent les effets des recommandations successives en faveur d’un traitement plus précoce, avec à la fois une forte augmentation de la proportion des PVVIH sous traitement et une amélioration des paramètres biologiques sous traitement (charge virale contrôlée). Le diagnostic de l’infection reste tardif ; il concerne 55,3 % des cas dans les DOM et 48,6 % en métropole. D’où l’importance de continuer à promouvoir le dépistage.
Entre 2003 et 2011, la population séropositive suivie à l’hôpital a vieilli (âge médian passé de 41 ans à 49 ans). Les patients vont beaucoup mieux d’un point de vue médical, mais les comorbidités pèsent maintenant fortement chez eux (VHC, HTA, hyperlipidémies, diabète).
Sur le plan social, la situation des PVVIH ne s’est pas améliorée pendant la période considérée. La population séropositive est caractérisée par un niveau d’activité très inférieur à celui de la population générale. Une personne sur 5 éprouve des difficultés à se nourrir par manque d’argent. Certains groupes (les malades des DOM, les migrants d’Afrique sub-saharienne) sont dans des situations sociales et économiques particulièrement fragiles, tout comme les groupes qui ont utilisé des drogues injectables. La population séropositive n’est pas homogène sur le plan social et économique. Les inégalités reflètent pour une part l’environnement économique et social général, avec un contexte encore plus défavorable dans les DOM.
« Il faut y voir aussi l’impact d’une maladie de très longue durée qui contribue à isoler socialement », avec une forte proportion de personnes vivant seules ou formant un foyer monoparental. Le rôle des associations envers les PVVIH est essentiel pour la construction des liens sociaux.
Prise de risque
En ce qui concerne la vie sexuelle, l’étude montre qu’en dépit des preuves scientifiques d’une réduction de la transmissibilité du VIH des personnes sous traitement, cette donnée ne s’est pas encore traduite dans le comportement préventif des personnes atteintes. L’attitude vis-à-vis du risque est similaire dans les groupes considérés comme à faible de transmission ou à risque élevé. Par ailleurs, l’activité sexuelle a baissé (de 78 % à 71 %), et il reste difficile de révéler sa séropositivité à un partenaire.
« Les observations de l’étude VESPA2 identifient les priorités qui doivent être au cœur d’une prise en charge renouvelée, et pas seulement médicale », écrivent les auteurs.
BEH (édité par l’InVS) n° 26-27 du 2 juillet 2013.
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