L’efficacité de la prise d'antirétroviraux en prophylaxie pré-exposition (PrEP) pour prévenir l'infection VIH avait déjà été établie par des essais cliniques. Avec la publication dans « The Lancet Public Health » de résultats issus de l’étude Epi-Phare (Cnam et ANSM), la protection en vie réelle est également démontrée, à condition d’une bonne observance.
L’étude a été menée à partir des données du système national des données de santé (SNDS) sur 46 706 hommes à haut risque d'infection VIH par voie sexuelle entre 2016 et 2020. Parmi eux, 256 ont été infectés par le VIH au cours du suivi et ont été appariés avec 1 213 témoins.
Dans l’ensemble, la PrEP en prise quotidienne présentait une efficacité de 60 %. Mais en ne prenant en compte que les hommes qui ont eu une consommation élevée de PrEP (75 % d’une boîte de 30 comprimés de Truvada par mois), l’efficacité atteint 93 % et 86 % si l'on exclut les périodes après l'arrêt de la PrEP. En cas de faible consommation de Truvada (< 50 % des jours couverts), l’efficacité n’est que de 18 %.
Une efficacité réduite chez les moins de 30 ans et les plus défavorisés
Comparés aux hommes restés séronégatifs, ceux infectés par le VIH lors du suivi avaient moins souvent utilisé la PrEP (29 % contre 49 %). Et ceux ayant pris la PrEP avaient plus souvent une consommation faible de Truvada (78 % contre 40 %) et/ou des interruptions prolongées (d'au moins trois mois) de leur traitement (74 % contre 40 %).
Par ailleurs, l'efficacité de la PrEP était « significativement réduite » chez les personnes de moins de 30 ans et chez celles qui étaient défavorisées sur le plan socio-économique, « ces deux groupes ayant montré une faible consommation de PrEP et des taux élevés d'abandon de la PrEP », est-il souligné.
Parmi les bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), l'efficacité de la PrEP était même de -64 % avec un intervalle de confiance de -392 % à 45 % (donc contenant la valeur 0), ce qui « doit être interprété comme l'absence de mise en évidence d'une efficacité de la PrEP dans ce sous-groupe », indique au « Quotidien » la Dr Rosemary Dray-Spira, directrice adjointe d'Epi-Phare. Elle relève toutefois que « cette estimation doit être interprétée avec prudence dans la mesure où elle repose sur un nombre limité de cas (n = 20) et de témoins (n = 79), ce qui s'explique par le fait que les bénéficiaires de la CMU-C ne comptent que pour 7 % de la population d'étude (et des usagers de la PrEP en France) ».
« Le renforcement des efforts visant à améliorer l'observance à la PrEP est essentiel pour garantir son efficacité, en particulier chez les jeunes et les personnes défavorisées », a indiqué à l'AFP la Dr Dray-Spira.
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