La lèpre expose à des invalidités sévères et des handicaps permanents si elle n’est pas dépistée et traitée précocement. Selon le relevé épidémiologique de l’OMS, la lutte contre cette maladie bactérienne causée par Mycobacterium leprae s’est considérablement améliorée en raison des campagnes menées dans la plupart des pays d’endémie.
Si 15 millions de malades ont pu être guéris depuis l’utilisation massive de la polychimiothérapie (PCT), l’incidence de la maladie reste pourtant constante, voire en légère hausse depuis le milieu des années 2000, avec près de 220 000 nouveaux cas notifiés par an. Tout aussi inquiétant, cette décennie de stagnation s’accompagne d’une recrudescence des formes les plus contagieuses qui représentent désormais 60 % des personnes nouvellement infectées.
Remettre en question les pratiques
Pour le Dr Roch Christian Johnson, conseiller médical de la Fondation Raoul Follereau, il est essentiel « de remettre en question les pratiques que nous avions jusqu’à présent. Si le nombre de nouveaux cas ne baisse pas, alors il est primordial de changer de stratégie ». Malgré un traitement efficace et gratuit, en 2011, plus de 12 000 malades souffraient déjà d’invalidités irréversibles liées à des atteintes neurologiques lors de leur dépistage.
La prévention des invalidités et la prise en charge des complications de la lèpre dès leur apparition constituent donc l’une des priorités de la Fondation, notamment grâce à l’aménagement et l’équipement de centres de santé ainsi que la mise à niveau progressive des compétences médicales et chirurgicales.
Un autre volet majeur de la lutte contre la lèpre a rappelé par le docteur R.C. Johnson passe par « une prise en compte plus étroite des réalités du terrain ». En pratique, « le passage à un dépistage actif qui va chercher de nouveaux cas autour des personnes contagieuses, plus particulièrement celles qui sont infectées par la forme multibacillaire », doit devenir la norme en matière de dépistage.
De nouveaux traitements à l’étude
Bien que la PCT associant 3 antibiotiques (la dapsone, la rifampicine et la clofazimine) donne des résultats très satisfaisants et ne présente que de faibles cas de résistances (3 à 4 % principalement pour la dapsone), l’objectif est désormais de développer de nouvelles molécules pour réduire la durée de traitement actuellement de 6 mois pour la forme paucibacillaire et de 12 mois pour la forme multibacillaire.
Selon Stewart Cole, co-directeur de l’étude et président de la commission médicale et scientifique de la Fondation Raoul Follereau, « l’inspiration est notamment venue des travaux réalisés par la Fondation Bill et Melinda Gates sur la réduction de la durée de traitement de la tuberculose ». Des tests incluant de nouveaux antibiotiques destinés à traiter les tuberculoses multi-résistantes sont actuellement en cours dans des cas de lèpre et certains, comme la bédaquiline, s’avèrent d’ores et déjà très efficaces. La mise en œuvre d’une PCT améliorée dans un horizon proche dépendra donc des résultats des essais cliniques que la Fondation compte développer d’ici 2 ans dans un des pays présents dans sa zone d’intervention.
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