LES associations thérapeutiques à base d’artémisine sont recommandées en première ligne dans le paludisme à P. falciparum. Or on a vu apparaître à l’ouest du Cambodge (d’abord à Palin) une baisse de la sensibilité de P. falciparum aux dérivés de l’artémisine (exemple : artésunate). Ce qui menace les initiatives pour contrôler et éradiquer le paludisme. Il faut en effet rappeler que la résistance à d’autres médicaments (chloroquine, sulfadoxine-pyriméthamine) a aussi surgi dans l’ouest du Cambodge avant de diffuser à l’Asie du sud-est et à l’Afrique, provoquant le décès de millions d’enfants. Si la résistance à l’artémisine restait confinée à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, l’éradication « régionale » de P. falciparum serait probablement nécessaire pour contenir la résistance. Mais si la résistance a déjà diffusé et apparaissait ailleurs, il faudrait étendre la zone de contention.
Or il se trouve que, à la frontière nord-ouest de la Thaïlande, à 800 km de la frontière ouest entre le Cambodge et la Thaïlande, on a observé une augmentation des échecs de traitements par l’association artésunate et méfloquine. Il était donc important de voir si ces échecs sont révélateurs de l’apparition d’une résistance à l’artémisine dans cette zone. C’est ainsi qu’a été mise en place une étude (Aung Pyae Phyo et coll.) dont les résultats sont publiés dans « The Lancet ». L’étude a consisté à étudier la vitesse de clairance du parasite entre 2001 et 2010 chez des sujets infectés à la frontière ouest de la Thaïlande (frontière Birmanie-Thaïlande) et de la comparer à celle qui avait été observée chez 119 patients étudiés à Palin (frontière ouest du Cambodge) entre 2007 et 2010.
Clairance allongée.
L’étude a permis d’étudier 3 202 patients vus à l’hôpital entre 2001 et 2010 pour une hyperparasitémie non compliquée à P. falciparum. Les patients recevaient un traitement de 7 jours par artésunate oral, habituellement associé à la méfloquine ou à la doxycyclìne ou à la clindamycine. Des gouttes de sang ont été analysées pour calculer la clairance de la demi-vie. En moyenne, cette clairance était de 2,6 heures en 2001 et de 3,7 heures en 2010. Certes, cette clairance de 3,7 heures était encore plus courte que celle de 5,5 heures qui avait été notée chez les 119 patients de Palin (Cambodge). Néanmoins, la proportion de patients de l’ouest de la Thaïlande ayant une clairance supérieure à 6,2 heures (clairance lente) est passée de 0,6 % en 2001 à 20 % en 2010.
Les chercheurs ont calculé que la responsabilité de la génétique du plasmodium dans cette clairance lente est passée de 30 % en 2001-2004 à 66 % en 2007-2010.
Ainsi, « une résistance génétiquement déterminée de P. falciparum à l’artémisine a émergé le long de la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande depuis au moins huit ans et s’est ensuite accrue de façon substantielle, concluent les auteurs. À cette vitesse, la résistance va atteindre dans deux à six ans les taux rapportés dans l’ouest du Cambodge ».
« Une conséquence immédiate de ce travail est que les efforts de contention ne devraient plus être limités au Cambodge, écrivent deux éditorialistes, parce que la résistance pourrait être en train d’émerger dans de nombreuses zones d’Asie du sud-est, y compris la Birmanie où le poids du paludisme est élevé et les infrastructures de santé fragiles. » « Les efforts de contrôle du paludisme, ajoutent-ils, dépendent de façon vitale des associations thérapeutiques à base d’artémisine. Si ces associations ne marchent plus, aucun autre traitement n’est prêt à être répandu et on n’attend pas d’effort de développement avant la fin de la décennie. »
The Lancet du 5 avril 2012.
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