Octobre 2011. Une femme de 28 ans est hospitalisée en Espagne au retour d’un voyage en Afrique. Motif : depuis cinq jours, elle a de la fièvre, des frissons, des céphalées, des douleurs dorsales et des myalgies.
Cette femme raconte qu’elle voyage régulièrement en Guinée équatoriale, sans jamais prendre de chimioprophylaxie. A trois reprises, déjà, elle a eu un paludisme qui, à chaque fois, a été traité par trois jours d’artésunate associé à un autre médicament anti-paludisme dont le nom n’est pas précisé.
En ce qui concerne son dernier voyage, qui précède l’hospitalisation, elle raconte qu’on lui a diagnostiqué un paludisme à Plasmodium falciparum et qu’on lui a demandé d’aller acheter chez un vendeur de Bata de l’artésunate et de la sulfadoxine-pyriméthamine. Elle achète donc deux boîtes d’Artesunat 50 mg ; selon la notice, ce médicament est fabriqué au Vietnam. Elle en prend quatre comprimés par jour ainsi que la sulfadoxine-pyriméthamine. Mais comme au bout de trois jours, elle est toujours malade, elle décide de rentrer chez elle. D’où l’hospitalisation en Espagne. Là, les tests montrent une parasitémie à P. falciparum à 2,5 % et une thrombopénie. Elle a terminé sa sulfadoxine-pyriméthamine peu de temps avant l’hospitalisation. Comme en Espagne, l’artésunate n’est disponible qu’auprès du ministère de la Santé, en attendant d’en recevoir, on lui donne de la doxycycline et son propre artésunate dont il lui reste quelques comprimés. Malgré cela, son état général se détériore ; sa parasitémie monte à 4,5 % ; sa thrombopénie s’aggrave, une anémie apparaît et la fièvre persiste.
En l’absence de la description de résistance à l’artésunate en Afrique, on commence à se demander s’il n’a pas vendu à la patiente du faux artésunate. Dès qu’on reçoit l’artésunate du ministère de la Santé, on le lui administre par voie veineuse et, en trois jours, elle est guérie et peut rentrer chez elle. Lorsqu’elle est revue trois semaines plus tard, elle est en bonne santé. On lui rappelle au passage l’importance de la chimioprophylaxie.
Mais l’histoire n’est pas terminée. L’artésunate suspect est envoyé à Londres aux fins d’analyses. La sanction est sans appel : les comprimés ne contiennent pas une trace d’artésunate. Ni la moindre substance pharmaceutique, d’ailleurs.
Du faux artésunate circule en Afrique depuis au moins 2001, indiquent les auteurs. Les produits contrefaits peuvent conduire au décès des personnes qui les prennent dans les zones endémiques. Ils peuvent aussi avoir un rôle dans la survenue de résistances étant donné que certains spécimens contiennent des quantités infra-thérapeutiques d’artésunate.
Carlos Chaccour et coll. The Lancet, 22 septembre 2012, p. 1120.
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